Maintenance & Production

Maintenance industrielle : Comment calculer le taux de disponibilité (TRS) et l’optimiser ? + Modèle Excel Automatisé


Le TRS (Taux de Rendement Synthétique) constitue un indicateur clé au cœur de la maintenance industrielle. Plus qu’une simple donnée de performance, il s’agit d’un véritable outil stratégique. Toutefois, sa pleine valeur n’émerge que s’il est correctement interprété, mesuré avec rigueur et exploité de façon intelligente. Voici comment l’aborder de manière opérationnelle, avec l’expertise d’un professionnel du terrain.


📌 Le TRS : une formule, trois leviers

Le TRS s’exprime ainsi :

TRS = Disponibilité × Performance × Qualité

Mais concentrons-nous ici sur le premier facteur : la disponibilité – souvent le plus influençable par la maintenance.

🔍 Disponibilité = Temps de fonctionnement réel / Temps de fonctionnement théorique

  • Temps de fonctionnement théorique : plage horaire prévue pour la production (hors arrêts planifiés : week-end, maintenance préventive, etc.)
  • Temps de fonctionnement réel : temps réellement exploité, déduit des arrêts imprévus (pannes, micro-arrêts, réglages, incidents…).

🎯 Pourquoi viser une disponibilité élevée ?

Une ligne qui s’arrête coûte cher : perte de production, tension sur les délais, stress des équipes, risques de rebut…
L’objectif est clair : minimiser les pertes de temps non planifiées. Mais encore faut-il savoir où regarder.


🧠 Angle expert : disséquer la non-disponibilité

Un bon professionnel ne se contente pas de constater une disponibilité faible. Il cartographie les pertes, en distinguant :

  • Pannes mécaniques / électriques récurrentes
  • Temps de redémarrage trop longs
  • Attentes liées à des changements de série mal préparés
  • Micro-arrêts non déclarés ou non tracés

Une méthode efficace est l’analyse des 6 grandes pertes issues du TPM (Total Productive Maintenance), avec une attention particulière aux pannes imprévues et aux arrêts mineurs.


🛠️ Optimiser la disponibilité : les leviers de l’expert

1. Fiabilisation technique

  • Analyse Pareto des pannes → cibler les 20% de causes générant 80% des arrêts
  • AMDEC équipements → identifier les points critiques
  • Mise à niveau ou remplacement ciblé de composants défaillants
2. Maintenance proactive
  • Maintenance conditionnelle via capteurs IoT ou audits visuels réguliers
  • Planification rigoureuse des interventions hors horaires de production
  • Formation croisée des opérateurs aux gestes de maintenance de premier niveau
3. Digitalisation du suivi
  • GMAO connectée pour tracer toutes les pannes et interventions
  • Dashboards temps réel pour visualiser la disponibilité
  • Alertes automatiques sur seuils critiques de performance

📊 Exemple terrain : redressement d’une ligne d’emballage

Avant intervention : TRS à 58%, dont disponibilité à 65%
Après 3 mois d’analyse, fiabilisation, et coaching opérateurs :
Disponibilité portée à 85%, TRS global à 76%
→ ROI de l’action : 3 semaines, grâce à la récupération de capacité masquée


  • Calculer le TRS n’est que le point de départ. L’expert maintenance y voit un outil de diagnostic, un révélateur de gisements de performance.
  • L’optimisation de la disponibilité passe par une démarche rigoureuse, mêlant technique, organisation, et implication des équipes.
  • Un bon TRS ne se décrète pas, il se construit, panne après panne, minute après minute.

Passer de l’indicateur à la culture TRS

Déployer durablement une démarche de disponibilité maîtrisée

Une fois le TRS calculé et les premières actions correctives enclenchées, le véritable défi commence : faire vivre cet indicateur dans le quotidien des opérations. Trop souvent, le TRS est perçu comme un chiffre imposé par la direction, sans réelle appropriation sur le terrain. Or, c’est à ce niveau que tout se joue.


🔄 Faire du TRS un outil partagé, pas un outil de contrôle

Objectif : impliquer les opérateurs et techniciens

L’expérience montre que lorsque le TRS est co-construit avec les équipes, il devient un levier de motivation. L’astuce ? Ne pas se contenter d’afficher un taux global, mais le détailler par plage horaire, par poste, par type d’arrêt.

✅ Exemple pratique : sur un écran en atelier, afficher le TRS par quart avec un code couleur. Si la disponibilité chute sous 80 %, une alerte déclenche un mini brief de 5 minutes.


🧩 Intégrer le TRS dans le pilotage quotidien

L’expert maintenance ne travaille jamais seul. Il collabore étroitement avec :

  • Le responsable production : pour synchroniser les priorités
  • La qualité : pour éviter que l’optimisation de la vitesse ne dégrade les produits
  • Les opérateurs : pour affiner la détection des micro-arrêts et éviter les « zones grises »
📆 Rituel efficace : le « TOP 5 minutes » quotidien
  • Point rapide sur les arrêts de la veille
  • Identification des causes racines
  • Plan d’action immédiat (court terme) + demande de traitement technique (moyen terme)

🏁 De l’amélioration continue à l’excellence opérationnelle

Optimiser la disponibilité, ce n’est pas faire la chasse aux erreurs, c’est mettre en place un système apprenant, dans lequel chaque écart est vu comme une opportunité de progrès.

Voici les 5 piliers d’une culture TRS durable :

  1. Visibilité : tableaux de bord clairs, visibles et compréhensibles
  2. Réactivité : traitement immédiat des dérives (pannes ou ralentissements)
  3. Standardisation : procédures claires pour redémarrage, changement de format, etc.
  4. Montée en compétence : formation continue des opérateurs à la maintenance de niveau 1
  5. Reconnaissance : valorisation des équipes qui font progresser la disponibilité

En synthèse : le TRS, un levier stratégique s’il est bien piloté

Le taux de disponibilité, au cœur du TRS, est l’un des indicateurs les plus actionnables pour un service maintenance. À condition :

  • De mesurer avec précision (capteurs, GMAO, retours opérateurs)
  • De analyser avec méthode (Pareto, AMDEC, arbres des causes)
  • Et surtout, de mobiliser les équipes autour d’un objectif commun de fiabilité et de fluidité.

🎯 L’indicateur devient alors un moteur de performance globale, et non une simple obligation de reporting.



🧮 Formule de base du TRS

Le TRS se calcule ainsi :

Chaque facteur est lui-même une fraction. Décomposons.


🔹 1. Disponibilité

Lemmatisation :


Donc :

🔹 2. Performance

Lemmatisation :

Donc :

🔹 3. Qualité

Lemmatisation :

🧠 Formule finale du TRS (décomposée et reconstituée)


🔁 Lecture pratique pour un terrain industriel :

  • Si le TRS est bas, se poser trois questions :
    1. Est-ce que la machine tourne quand elle est censée tourner ? (disponibilité)
    2. Est-ce qu’elle tourne à sa vitesse nominale ? (performance)
    3. Est-ce qu’elle produit du bon produit ? (qualité)

📌 Chaque facteur agit comme un filtre multiplicatif. Un seul facteur faible suffit à faire chuter le TRS global.


Cas particuliers dans le calcul du TRS : ce que l’expert identifie et corrige

Même avec une bonne méthodologie, certains cas peuvent brouiller la lecture du TRS, surtout dans des environnements industriels complexes ou peu automatisés. L’expert maintenance doit savoir les détecter, les qualifier, et adapter le mode de calcul ou d’interprétation en conséquence.


🎯 1. Les micro-arrêts non déclarés : le « bruit invisible »

Problème :
Arrêts de quelques secondes à quelques minutes, non enregistrés en GMAO, souvent ignorés par les opérateurs. Ils font baisser la disponibilité sans que personne n’en prenne conscience.

Solution experte :

  • Installation de capteurs sur convoyeurs ou axes moteurs (détection d’inactivité)
  • Enregistrement automatique dès arrêt supérieur à 10 secondes
  • Formation opérateurs à la déclaration rapide via IHM ou tablette

🔄 2. Les arrêts « hors périmètre maintenance »

Problème :
Certains arrêts (manque de personnel, attente de matières premières, contrôle qualité bloquant…) sont enregistrés comme indisponibilité machine, mais ne sont pas liés à la maintenance.

Risque : Mauvaise analyse du TRS → mauvaise attribution des actions correctives.

Solution experte :

  • Recatégorisation fine des causes d’arrêt dans la GMAO (maintenance / production / logistique / qualité)
  • TRS technique vs TRS global → deux indicateurs complémentaires pour mieux cibler

🕐 3. Les changements de format ou de production fréquents

Problème :
Des temps de changement de série ou de réglage longs faussent la disponibilité, même s’ils sont nécessaires au process.

Solution experte :

  • Séparation entre arrêts planifiés (changements de format prévus) et arrêts non planifiés
  • Optimisation SMED (Single-Minute Exchange of Die) pour réduire ces temps
  • Visualisation spécifique de la perte associée aux setups

🧪 4. Les machines de laboratoire ou de production en petite série

Problème :
Des équipements qui tournent peu ou par lots irréguliers affichent souvent un TRS faussement bas, car le temps théorique est mal défini.

Solution experte :

  • Redéfinition du temps de fonctionnement théorique en fonction du plan de production réel
  • Calcul du TRS par lot ou par campagne plutôt qu’à la journée
  • Utilisation d’un OEE personnalisé (TRG – taux de rendement global adapté au mode de production)

🔧 5. Les arrêts dus à la maintenance préventive planifiée

Problème :
Certaines équipes comptabilisent ces arrêts dans la non-disponibilité, ce qui pénalise artificiellement le TRS.

Solution experte :

  • Exclure les plages de maintenance préventive du temps théorique
  • Mettre en place un TRS corrigé qui distingue le préventif (utile) du correctif (subi)
  • Visualiser le ratio préventif / curatif pour justifier l’effort de planification

🚨 6. Les équipements en mode dégradé

Problème :
Un équipement peut être opérationnel mais fonctionner en mode dégradé (par exemple, un robot à moitié fonctionnel). Il est « disponible » mais pas à pleine capacité.

Solution experte :

  • Intégrer ce mode dans l’analyse de performance plutôt que de disponibilité
  • Créer une alerte qualitative sur les écarts entre cadence réelle et nominale
  • Compléter le TRS par un Taux d’Utilisation Maximale (TUM)

🔍 Conclusion sur les cas particuliers

Un TRS fiable et pertinent ne se calcule pas mécaniquement. L’expert maintenance doit en faire une lecture intelligente, tenant compte du contexte industriel, du comportement des équipements, et des réalités humaines du terrain.

💡 C’est dans la gestion des exceptions que l’on mesure la maturité d’un service maintenance.


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