Fiche ÉUF — Épreuve uniforme de français : attentes & méthode
1) Pourquoi l’ÉUF compte tant
L’ÉUF n’évalue pas seulement votre « français » : elle mesure votre capacité à lire, problématiser et argumenter à partir d’un corpus. C’est une épreuve longue (environ 4 h 30) où vous rédigez une dissertation critique d’environ 900 mots. Les correcteurs attendent un texte clair, structuré, rigoureux sur le fond comme sur la forme.
2) Ce que l’on évalue (vision d’ensemble)
- Compréhension & argumentation
- Respect intégral du sujet.
- Thèse explicite, arguments pertinents, exemples probants tirés des textes et de votre culture littéraire.
- Capacité à analyser, pas à paraphraser.
- Organisation du texte
- Introduction complète : amorce → présentation du sujet → thèse → annonce du plan.
- Développement en 2–3 parties équilibrées, transitions visibles, logique de progression.
- Conclusion qui synthétise et ouvre avec mesure (sans hors-sujet).
- Maîtrise de la langue
- Syntaxe (phrases bien construites), ponctuation, orthographe d’usage et grammaticale, lexique précis.
- Ton soutenu et cohérent, verbes d’analyse (montrer, mettre en lumière, interroger, nuancer).
3) Méthode pas à pas (de l’analyse à la copie finale)
3.1 Lecture active du sujet (10 min)
- Entourez mots clés et contraintes (angle demandé, œuvres/genres/époques mentionnés).
- Déterminez la question exacte à laquelle votre dissertation doit répondre.
3.2 Problématisation & thèse (10–15 min)
- Formulez une thèse nette (position) et sa problématique (pourquoi ce débat a un sens).
- Cherchez 2–3 axes d’argumentation complémentaires (pas redondants).
3.3 Plan détaillé & preuves (25–30 min)
- Pour chaque partie :
Idée directrice → Explication → Preuves (citations brèves/paraphrases) → Mini-bilan. - Choisissez 1–2 preuves pertinentes par argument (qualité > quantité).
- Notez références précises (auteur, titre ou repère fourni, contexte immédiat).
3.4 Rédaction guidée (120–150 min)
- Introduction (≈ 10 % du texte) :
- Amorce contextualisée (évitez le cliché trop général).
- Présentation du sujet (reformulé fidèlement).
- Thèse claire.
- Annonce du plan (sans tout dévoiler).
- Développement (≈ 75–80 %) :
- 2–3 paragraphes argumentatifs complets (voir modèle PEEL plus bas).
- Transitions soignées entre les parties.
- Analysez chaque preuve : le texte ne parle pas tout seul.
- Conclusion (≈ 10–15 %) :
- Bilan des réponses apportées.
- Portée (ce que l’on retient, limites raisonnables).
- Ouverture mesurée (évitez les généralités vagues).
3.5 Relecture ciblée (25–35 min)
- Sens : hors-sujet ? plan cohérent ? thèse visible ?
- Langue : accords, temps verbaux, homophones, ponctuation.
- Style : verbes précis, répétitions éliminées, phrases trop longues coupées.
4) Le paragraphe argumentatif modèle (PEEL)
- P — Point (idée directrice) : annoncez l’argument du paragraphe en 1 phrase nette.
- E — Explication : développez, nuancez, mettez en perspective.
- E — Evidence (preuve) : citez brièvement ou paraphrasez un passage puis commentez-le.
- L — Link (lien) : rattachez au sujet et préparez la transition.
Astuce : dans un devoir de 900 mots, 2 ou 3 paragraphes PEEL solides valent mieux que 4 paragraphes superficiels.
5) Intégrer les textes sans paraphrase
- Introduisez la preuve (qui parle ? dans quel contexte ?).
- Citez court (mots significatifs), analysez long (effet, procédé, sens).
- Évitez les collages de larges extraits.
- Reliez explicitement la preuve à votre thèse (mini-bilan).
6) Gestion du temps (suggestion réaliste)
- Analyse du sujet + problématique + plan : 30–40 min
- Sélection des preuves + schéma de paragraphes : 20–30 min
- Rédaction du développement : 120–130 min
- Rédaction intro + conclusion : 25–35 min
- Relecture langue & mise au propre : 25–35 min
Ajustez selon votre vitesse. Gardez au moins 25 minutes pour la relecture.
7) Grammaire & style : mini-checklist
- Accords : sujet-verbe, participe passé (avec avoir si COD antéposé).
- Ponctuation : virgules pour rythmer, point-virgule avec parcimonie.
- Pronoms : clarté des référents (évitez le « il » ambigu).
- Lexique : verbes d’analyse (suggérer, opposer, renforcer, contester).
- Registre : soutenu, pas de familiarités.
- Cohésion : connecteurs logiques (d’abord, ensuite, toutefois, ainsi, dès lors, en somme…).
8) Erreurs fréquentes & correctifs
- Hors-sujet partiel → Réécrire l’énoncé en début de copie et cochez que chaque partie y répond.
- Paraphrase → Après chaque preuve, ajoutez « Cela montre que… ».
- Plan déséquilibré → Visez des parties de longueur comparable.
- Transitions absentes → Ajoutez une phrase-pont (bilan de A → annonce de B).
- Conclusion-catalogue → Faire un bilan synthétique, pas de nouvelles idées.
9) Exemple de squelette (fictif, adaptable)
Sujet : « Dans quelle mesure la révolte des personnages est-elle porteuse d’espoir ? »
Thèse : Oui, si elle ouvre sur une conscience nouvelle, sinon elle se heurte à ses propres limites.
Plan
- La révolte comme prise de conscience (moteur d’émancipation morale).
- Preuve 1 (Texte A) : un passage où le personnage refuse l’injustice → analyse du procédé (changement de ton, modalisation).
- Preuve 2 (Texte B) : solidarité qui naît entre personnages → analyse (champ lexical, énonciation).
- Les limites de la révolte (illusion, épuisement, récupération).
- Preuve 3 (Texte C) : révolte stérile ou récupérée → analyse (ironie, point de vue).
- Mini-bilan : l’espoir existe quand la révolte transforme la conscience collective.
Conclusion : synthèse + portée (littéraire et humaine) + ouverture mesurée.
10) Entraînement sur 10 jours (exemple)
- J1 : lecture de sujets types, repérage de mots clés.
- J2 : exercices de thèse + plan (3 sujets, sans rédaction).
- J3 : paragraphe PEEL complet (1 h), feedback.
- J4 : banque de connecteurs logiques + reformulations.
- J5 : rédaction d’une introduction (30 min) × 2.
- J6 : développement (2 paragraphes) sur un sujet nouveau.
- J7 : conclusion + transitions.
- J8 : simulation 2 h (plan + un paragraphe).
- J9 : simulation 4 h (devoir complet, sans relecture longue).
- J10 : correction fine (langue + structure), reprise ciblée.
11) Jour J : routine gagnante
- Lisez deux fois le sujet et surlignez mots clés/contraintes.
- Posez la thèse tôt et testez-la contre chaque preuve.
- Gardez une marge pour réécrire l’intro après le développement (meilleure précision).
- Barrez proprement, réécrivez court et clair si une phrase déraille.
- Respirez : le style s’améliore quand le rythme est régulier.
12) Check-list minute (à la fin)
- Sujet traité au complet ?
- Thèse visible dans l’intro et rappelée dans la conclusion ?
- Chaque paragraphe = une idée + preuve analysée ?
- Transitions assurées ?
- Orthographe, accords, ponctuation vérifiés ?
- Présentation lisible (alinéas, marges, titres éventuels) ?
En résumé
Réussir l’ÉUF, c’est penser clair, organiser net et écrire juste. Une bonne copie ne brille pas par des effets, mais par une thèse assumée, des preuves bien exploitées et une langue maîtrisée. Avec cette méthode, vos 4 h 30 deviennent un processus : analyser → planifier → argumenter → relire.

13) Banques de connecteurs (à varier)
Introduire une idée : d’abord · tout d’abord · en premier lieu · pour commencer
Ajouter / renforcer : ensuite · de plus · par ailleurs · en outre · surtout
Expliquer : en effet · car · puisque · autrement dit · c’est-à-dire
Opposer / nuancer : cependant · toutefois · or · pourtant · certes… mais · si · bien que
Illustrer : par exemple · ainsi · notamment · en particulier · comme l’indique
Conclure / ouvrir : en somme · dès lors · il s’ensuit que · finalement · en perspective
14) Phrases-modèles (à personnaliser)
- Annonce de thèse : Je défendrai que… parce que… / Il apparaît que… dans la mesure où…
- Annonce de partie : D’abord, il convient de montrer que…
- Analyse d’une preuve : Ce passage met en lumière… ; la modalisation souligne que…
- Lien de fin de paragraphe : Ainsi, l’extrait confirme que…, ce qui prépare à examiner…
- Conclusion : En définitive, l’argumentation démontre que… ; dès lors, on comprend que…
15) Exemple d’introduction (≈ 140 mots)
Faut-il voir dans la révolte des personnages une véritable source d’espoir ? La question engage à la fois le destin individuel et la portée collective des œuvres proposées. Les textes du dossier confrontent le lecteur à des figures qui refusent l’injustice : certaines trouvent une voie d’émancipation, d’autres se heurtent aux limites du réel. Plutôt que d’ériger la révolte en solution absolue, il s’agit d’en évaluer la portée et les conditions. Je soutiendrai que la révolte n’est porteuse d’espoir qu’à la condition de transformer la conscience — personnelle et partagée ; sinon, elle s’épuise ou se récupère. Pour le montrer, j’examinerai d’abord comment la révolte éclaire une prise de conscience féconde. J’analyserai ensuite ses impasses lorsqu’elle se coupe de toute transformation durable.
16) Exemple de paragraphe PEEL (≈ 160 mots)
Point. La révolte devient source d’espoir lorsqu’elle éclaire une prise de conscience qui réoriente l’action.
Explication. Dans le premier texte, la rupture ne tient pas au cri, mais au passage d’une colère diffuse à un jugement articulé : le narrateur nomme l’injustice et se reconnaît responsable de ce qu’il accepte ou refuse.
Evidence (preuve) & commentaire. Lorsqu’il affirme qu’« il n’est plus possible de marcher les yeux baissés », la formule n’est pas seulement descriptive : elle marque une décision, un changement d’attitude. Le champ lexical de la vision (regarder, voir, lever les yeux) suggère que l’espoir naît d’une lucidité conquise, non d’un élan vague.
Link. Ainsi, l’extrait illustre que l’espoir n’est pas l’effet automatique de la révolte : il apparaît quand le refus s’accompagne d’un travail de pensée, condition que l’on devra confronter aux limites mises en scène par d’autres textes.
17) Exemple de conclusion (≈ 110 mots)
En somme, la révolte ne garantit pas l’espoir ; elle le rend possible quand elle transforme la conscience et, avec elle, la manière d’agir. Les textes étudiés montrent qu’un refus lucide peut ouvrir à la solidarité et à la construction, tandis qu’un sursaut sans mémoire ni projet s’épuise ou se laisse récupérer. La portée de la révolte se mesure donc à ce qu’elle change — en nous et entre nous. À cette aune, l’espoir n’est ni naïf ni automatique : il est une exigence qui engage la responsabilité du sujet et la durée d’un collectif.
18) Grille d’auto-correction express
- Sujet : ai-je répondu à toutes les composantes de la question ?
- Thèse : formulée en une phrase dans l’intro, rappelée en conclusion ?
- Plan : 2–3 parties équilibrées, visibles dans les annonces et transitions ?
- Paragraphes : chacun = 1 idée directrice + preuve analysée + lien ?
- Preuves : brèves, contextualisées, commentées (pas de paraphrase) ?
- Langue : accords, homophones (a/à ; ces/ses ; on/ont ; son/sont), ponctuation ?
- Style : verbes d’analyse, répétitions réduites, phrases trop longues coupées ?
19) Trois plans de secours (au cas où)
- Dialectique : Oui → Non → Dépassement (thèse, antithèse, synthèse).
- Analytique : Constat → Causes → Portée/Conséquences.
- Comparatif : Texte A : angle X → Texte B : angle Y → Mise en perspective.
Choisissez celui qui épouse le mieux vos preuves déjà repérées.
20) 12 fautes fréquentes & correctifs
- Malgré que → Bien que / Même si
- Au final → Finalement / En définitive
- Le fait que… prouve que… (lourd) → Cela montre que…
- Accords : les idées qu’il a défendues (COD antéposé)
- Ponctuation : virgules pour isoler incises/relances ; pas de phrases-tunnels
- Reprises pronominales : éviter le « il » ambigu → reformuler le référent
- Registre : bannir familiarités (genre, truc, bidule)
- Anglicismes : impacter → influencer ; réaliser que → se rendre compte que
- Tautologies : au jour d’aujourd’hui → aujourd’hui
- Pléonasmes : prévoir à l’avance → prévoir
- Connecteurs empilés : choisir un connecteur pertinent
- Citations longues : préférer bref + analyse à long + paraphrase
21) Entraînement “60 minutes” (booster de veille d’épreuve)
- 10 min : parcourir 3 sujets, repérer mots clés.
- 15 min : produire 3 thèses + 3 plans (sans rédiger).
- 20 min : rédiger un paragraphe PEEL complet (avec preuve).
- 15 min : corriger langue & transitions ; fabriquer une mini-banque de connecteurs.
22) Routine “Jour J” (checklist opérationnelle)
- Lire 2× le sujet, entourer contraintes.
- Poser thèse + 2–3 arguments en 10–15 min.
- Noter 1–2 preuves par argument (brièvement).
- Rédiger développement d’abord, intro ensuite, puis conclusion.
- Garder 25–30 min pour relire (sens → langue → présentation).
- Si blocage : basculer vers un plan de secours (19).
23) Mini-atelier de reformulation (anti-paraphrase)
- Constat (Que dit le passage ?) → Le narrateur refuse…
- Procédé (Comment ?) → par un changement de ton / une adresse directe / un contraste
- Effet / Sens (Pourquoi ?) → ce qui met en lumière… souligne que…
Schéma à appliquer après chaque citation.
24) Gabarits ultra-courts (à adapter)
- Intro : [Amorce cadrée]. [Sujet reformulé]. Je défendrai que [thèse]. J’examinerai [axe 1], puis [axe 2] (évent. [axe 3]).
- Transition : Ainsi, [mini-bilan]. Dès lors, il faut considérer [partie suivante].
- Conclusion : En définitive, [bilan]. Cela montre que [thèse reformulée]. En perspective, [ouverture mesurée].
25) Si le temps file (plan B en 5 gestes)
- Écrire tout de suite la phrase de thèse (claire, assumée).
- Choisir 2 arguments forts ; abandonner le 3ᵉ si nécessaire.
- Produire 2 PEEL solides plutôt que 3 moyens.
- Rédiger une conclusion (même brève).
- Relire l’orthographe des terminaisons visibles (accords, participes).







