Étude de Cas – Calcul des Capacités de Stockage des Effluents d’Élevage
La gestion des effluents d’élevage est un enjeu majeur pour les exploitants agricoles, à la fois d’un point de vue environnemental, réglementaire et économique. L’une des étapes clés de cette gestion consiste à dimensionner correctement les capacités de stockage, afin d’éviter tout risque de rejet accidentel, de pollution ou d’infraction à la réglementation en vigueur.
Cet article propose une étude de cas concrète, avec une méthode pas à pas pour calculer la capacité nécessaire de stockage des effluents dans un élevage bovin laitier.
1. Définir le type d’effluents concernés
On distingue plusieurs types d’effluents :
- Fumiers (matières solides, pailleuses)
- Lisiers (mélange liquide de fèces, urine, eau de lavage)
- Eaux blanches et eaux vertes (lavage de salle de traite, pluie souillée…)
Dans notre cas, l’exploitation produit du lisier bovin, nécessitant un stockage en fosse étanche.
2. Données de base de l’élevage
Données | Valeur |
---|---|
Nombre de vaches laitières | 60 |
Durée de stockage nécessaire | 6 mois (180 jours) |
Production de lisier/vache/jour | 50 litres/jour |
Volume de sécurité | 10 % du volume total |
3. Calcul du volume brut de lisier
Formule :
Volume brut = Nombre d’animaux × Production journalière × Durée de stockage
Application :
60 × 50 L × 180 jours = 540 000 L, soit 540 m³
4. Ajout du volume de sécurité
Formule :
Volume total = Volume brut × (1 + Coefficient de sécurité)
Application :
540 m³ × 1,10 = 594 m³
✅ La fosse à lisier devra donc avoir une capacité minimale de 594 m³
5. Vérification des contraintes réglementaires
En France, selon le Code Rural (arrêté du 8 janvier 1998 modifié), la capacité minimale de stockage des effluents doit permettre :
- De stocker les effluents pendant la période d’interdiction d’épandage
- D’éviter tout débordement accidentel
- De respecter la distance de sécurité avec les cours d’eau, habitations, etc.
Dans notre cas, la période d’interdiction couvre 4 à 6 mois, donc les 6 mois retenus sont conformes.
6. Intégration des eaux supplémentaires (option)
Si l’éleveur collecte aussi les eaux de lavage ou de pluie dans la même fosse :
- Il faudra ajouter le volume moyen d’eau collectée sur la période
- Ou séparer ces eaux dans un bassin spécifique
Le calcul des capacités de stockage des effluents d’élevage est une démarche simple en apparence, mais qui nécessite rigueur et précision, notamment dans le recueil des données. Une sous-estimation peut entraîner des risques environnementaux et des sanctions, tandis qu’une surestimation peut générer des coûts inutiles.
🧮 Bonnes pratiques :
- Utiliser un outil Excel pour simuler plusieurs scénarios (variations de cheptel, durées, types d’effluents)
- Réaliser une visite technique avec un conseiller agricole pour valider les choix

Affiner le Calcul et Adapter aux Situations Réelles
Si la première approche donne un chiffre de référence (594 m³), l’expérience montre que ce volume peut varier selon plusieurs facteurs. Voici comment affiner ce calcul pour mieux s’adapter aux réalités de terrain.
1. Ajuster selon la ration alimentaire
La quantité d’effluents produits dépend du type de ration et de l’humidité des aliments :
- Une ration humide (ensilage d’herbe, pulpes…) génère plus de lisier
- Une ration sèche (foin, concentrés) produit un fumier plus dense
Exemple d’ajustement :
- Si la ration est très humide, on augmente de 10 à 15 % la production estimée :
→ 50 L/jour × 1,15 = 57,5 L/jour/vache
2. Intégrer les apports exceptionnels (lavage, pluie, autres bâtiments)
Des apports non prévus peuvent augmenter le volume à stocker :
- Eaux de lavage (salle de traite, aires paillées)
- Pluie entrant par des toits mal canalisés
- Apports d’autres unités (ex : jeunes bovins, taurillons)
💡 Bonne pratique : Ajouter un volume tampon de 10 à 20 % pour sécuriser le dimensionnement
3. Prévoir une réserve pour extension future
Si l’élevage est amené à s’agrandir (ex. : passage de 60 à 80 vaches), il est recommandé d’anticiper dès la conception.
Exemple de projection :
- 80 vaches × 50 L × 180 jours = 720 000 L = 720 m³
- Avec marge de sécurité (10 %) = 792 m³
🔄 Conclusion : La fosse peut être conçue dès le départ à 800 m³ pour éviter de futurs travaux.
4. Cas des systèmes à séparateur solide/liquide
Certaines exploitations utilisent un séparateur de phase pour réduire le volume de lisier liquide :
- Partie solide compostée ou valorisée
- Partie liquide stockée seule (volume réduit de 30 à 50 %)
Application :
- Volume brut : 540 m³
- Volume réduit avec séparation : 540 × 0.6 = 324 m³
🧪 Cette méthode nécessite un investissement, mais peut alléger les besoins en surface de stockage.
Conclusion finale
Le calcul initial est une base technique fiable, mais il doit toujours être contextualisé et mis à jour selon :
- Les conditions de conduite de l’élevage
- Les évolutions réglementaires
- Les opportunités technologiques (traitement, séparation, couverture…)
📋 Un outil Excel bien structuré permet d’ajuster rapidement les paramètres (cheptel, durée, type d’effluent) pour prendre des décisions éclairées.
Capacités de Stockage des Effluents d’Élevage – Cas Particuliers
Si la méthode de base pour calculer les capacités de stockage des effluents est relativement simple, la réalité du terrain impose de l’adapter à des situations variées. Ces cas particuliers influencent directement le dimensionnement des ouvrages de stockage, notamment en agriculture intensive ou dans des exploitations diversifiées.
🌧️ 1. Intégration des eaux pluviales
Cas : La toiture d’un bâtiment d’élevage non équipée de gouttières déverse ses eaux de pluie dans la fosse.
Impact : L’eau de pluie s’ajoute aux effluents produits.
Calcul complémentaire :
Volume pluie (m³) = Surface toiture (m²) × Pluviométrie annuelle (m) ÷ 2
On divise par 2 pour ne retenir que la moitié estimée tombant directement dans la fosse.
🧯 2. Mélange d’effluents (lisier + eaux blanches)
Cas : L’exploitation collecte à la fois le lisier des animaux et les eaux de lavage de salle de traite ou d’aire paillée.
Conséquence : Le volume de stockage doit intégrer l’ensemble des liquides, y compris les eaux faiblement polluées.
Bonnes pratiques :
- Séparer si possible les eaux blanches (bassin tampon)
- Ajouter un volume fixe journalier d’eaux de lavage × durée de stockage
🚜 3. Présence d’un séparateur de phase
Cas : L’exploitation utilise un système de séparation solide/liquide.
Effet :
- La partie liquide est stockée (volume réduit de 30 à 60 %)
- La fraction solide est compostée ou stockée à part
Calcul :
Volume à stocker = Volume brut × % liquide restant
Un coefficient de 0.6 (soit 60 %) est souvent utilisé en première estimation.
🐷 4. Espèces différentes dans une même ferme
Cas : L’exploitation comprend à la fois des vaches laitières, des porcs et des volailles.
Problème : Chaque espèce produit un volume différent, selon le type d’effluent.
Solution :
Additionner les productions par espèce selon les références moyennes :
- Vache laitière : 50–60 L/jour
- Porc à l’engrais : 10–15 L/jour
- Volaille : 0,2–0,5 L/jour
Adapter les durées de stockage selon les espèces si les épandages sont échelonnés.
🏗️ 5. Projet d’agrandissement de l’élevage
Cas : Un projet prévoit l’augmentation du cheptel à court/moyen terme.
Approche :
- Calculer le volume futur cible
- Ajouter une marge de croissance de 20 à 30 %
- Prévoir un compartimentage ou des extensions possibles
Exemple : Cheptel prévu : 100 vaches × 180 jours × 50 L = 900 000 L → 900 m³
- marge de 20 % = 1 080 m³
Les cas particuliers montrent que le dimensionnement des stockages d’effluents n’est jamais figé. Il dépend :
- De la technologie d’élevage
- Des espèces animales
- Des flux annexes (eau, pluie, lavage)
- Des projets futurs
Une approche personnalisée est donc nécessaire, et l’utilisation d’un tableur Excel adapté à chaque scénario permet une gestion fiable et évolutive.
