Calculateur Excel FPY & RTY en pratique : mesurer, comprendre et améliorer
Recommandés
Le First Pass Yield (FPY) et le Rolled Throughput Yield (RTY) sont deux indicateurs essentiels pour piloter la qualité d’un flux multi-étapes. Le FPY mesure, étape par étape, la part d’unités qui passent du premier coup sans reprise. Le RTY mesure le rendement cumulé de bout en bout : la probabilité qu’une unité traverse toutes les étapes sans aucun défaut ni retouche.
FPY et RTY vous disent où vous perdez des pièces, combien cela coûte, et par quelle action rétablir la performance (poka-yoke, standardisation, SPC, formation, etc.). Cet article élargit la théorie, montre comment les calculer, comment les lire, et comment s’en servir pour animer l’amélioration continue — avec un modèle Excel robuste pour démarrer immédiatement.
1) Définitions rapides
- FPY (First Pass Yield) d’une étape i

C’est un taux de “bon du premier coup” à l’étape considérée (les reprises ne comptent pas comme “premier coup”).
- RTY (Rolled Throughput Yield) – deux façons usuelles :
- Produit des FPY (classique)

- Approximation Poisson via DPU (défauts par unité)

Cette méthode “voit” les multi-défauts sur une même pièce (utile quand une unité cumule plusieurs défauts).
À retenir : le RTY (produit des FPY) mesure la probabilité “zéro reprise” via les unités KO par étape ; le RTY (Poisson) mesure la même probabilité via le nombre total de défauts (et est souvent légèrement plus bas si une unité peut porter plus d’un défaut).
2) Exemple chiffré (lecture opérationnelle)
Imaginons 5 étapes successives avec takt stable et 1000 pièces entrantes à chaque étape :
| Étape | N_in | KO 1er pass | FPY | Défauts totaux | DPU |
|---|---|---|---|---|---|
| Découpe | 1000 | 50 | 0,95 | 60 | 0,06 |
| Perçage | 1000 | 30 | 0,97 | 35 | 0,035 |
| Assemblage | 1000 | 40 | 0,96 | 55 | 0,055 |
| Soudage | 1000 | 20 | 0,98 | 22 | 0,022 |
| Contrôle final | 1000 | 10 | 0,99 | 12 | 0,012 |
- RTY (produit des FPY)
0,95 × 0,97 × 0,96 × 0,98 × 0,99
= 0,858 (≈ 85,8 %) - RTY (Poisson)
Somme DPU = 0,06 + 0,035 + 0,055 + 0,022 + 0,012 = 0,184
RTY ≈ exp(−0,184) ≈ 83,2 %
Lecture : Les deux RTY sont élevés mais pas au niveau “classe mondiale”. L’écart (≈ 2,6 points) indique présence de multi-défauts. Priorité aux étapes où DPU et/ou FPY sont les plus défavorables (ici, Découpe & Assemblage).
3) Quand utiliser quelle méthode ?
- Produit des FPY : simple, intuitif, suffisant quand on suit déjà les unités KO par étape.
- Poisson (DPU) : utile quand vous suivez défauts totaux (et pas seulement “au moins un défaut”), ou quand vous suspectez des multi-défauts sur les mêmes pièces. Idéal pour capter le coût réel des anomalies.
Bon réflexe : calculez les deux. Un écart durable RTY(FPY) − RTY(Poisson) signale un gisement d’amélioration (pare-chocs de défauts, réglages, contrôle source, formation, etc.).
4) Construire un système de mesure fiable
- Définir l’unité : la “pièce” suivie à toutes les étapes (même granularité).
- Stabiliser la capture des données : qui saisit N_in, KO, défauts totaux ; quand ; comment (MES, formulaire, audit croisé).
- Frontières d’étapes claires : inclure/exclure rework, réglages, inspection.
- Règles de rework : si vous réinjectez une pièce dans la même étape, elle ne compte pas dans FPY (puisqu’il s’agit du premier passage).
- Vérifier l’homogénéité du mix (produits/process similaires) pour comparer les FPY entre postes.
5) Lire & animer les indicateurs
- FPY faible sur une étape : goulot qualité local → agir au poste (poka-yoke, standardisation, formation, 5S, capabilité machine).
- DPU élevé alors que FPY “correct” : beaucoup de multi-défauts → refaire l’analyse de modes d’échecs (AMDEC), renforcer l’autocontrôle et l’arrêt au défaut (jidoka).
- RTY bas avec FPY individuels “pas catastrophiques” : l’effet cumulatif des petites pertes explique la chute → traquer les “petites” causes (grattage, retouches, micro-arrêts qualité).
Seuils indicatifs (à adapter à vos enjeux) :
- FPY étape : viser ≥ 98 % sur postes stabilisés ; alerte < 95 %.
- RTY : vigilance < 85 % ; excellence > 95 %.
6) Le calculateur Excel : que fait-il et comment l’adapter ?
Le classeur fournit deux RTY, le FPY par étape, le DPU, et des graphiques (barres FPY + courbes RTY). Il inclut une version compatibilité renforcée (sans fonctions Excel 365 avancées) pour éviter les erreurs #VALEUR!.
- Entrées :
B = Pièces entrantes, C = KO au premier passage, E = Défauts totaux (facultatif si vous n’utilisez pas le RTY Poisson). - Sorties :
D = FPY, F = DPU, G = RTY cumul (produit des FPY), H = RTY cumul (Poisson).
En haut : RTY global (deux méthodes), FPY moyen, FPY min, Pièces bonnes sans reprise.
Formules clés (compatibles)
- FPY :
=(Entrantes − KO)/Entrantes - DPU :
=Défauts/Entrantes - RTY global (FPY) :
=EXP(SUMPRODUCT(LN(IF((B>0)*(D>0),D,1)))) - RTY global (Poisson) :
=EXP(-SUMIFS(F, B, ">0")) - RTY Poisson cumulatif (ligne n) :
=EXP(-SUMIFS($F$7:INDEX($F:$F;LIGNE()); $B$7:INDEX($B:$B;LIGNE()); ">0"))
Pourquoi deux méthodes dans le même fichier ?
Pour comparer et détecter les zones de multi-défauts. La différence entre les courbes G et H éclaire la stratégie d’attaque.
Personnalisation
- Plus d’étapes : étendez le tableau (les formules se recopient).
- Seuils couleur : adaptez les règles (ex. FPY < 95 % rouge, ≥ 99 % vert).
- Multi-produits : dupliquez la feuille par référence produit.
- Sans Excel 365 : conservez la version Compat_v2 (liens ci-dessus).
7) De la mesure à l’action : leviers d’amélioration
- Poka-Yoke (prévention au poste)
- Guides, détrompeurs, gabarits, capteurs simples → empêcher l’erreur de se produire.
- Jidoka & arrêt au défaut
- Détecter le défaut au plus tôt et stopper le flux pour corriger la cause à la racine.
- Standardisation (SOP) & formation
- Feuilles standard, fiches “un point une page”, checklists d’auto-contrôle.
- Monter en compétence l’opérateur qui génère/attrape le défaut.
- SPC & capabilité
- Cartes de contrôle, réduction de la variabilité, réglages machines.
- Monter le Cp/Cpk sur les caractéristiques critiques.
- Conception / AMDEC
- Revoir la conception pour réduire la sensibilité, attaquer les modes d’échecs fréquents/gravité forte.
- Flux & ergonomie
- Avec un Yamazumi (diagramme d’empilement), rééquilibrer les tâches pour limiter le stress et les erreurs de manutention ; aligner au takt.
- Qualité fournisseurs / incoming
- Renforcer la qualité à l’entrée (audits, échantillonnage, plans 8D avec fournisseurs).
8) Gouvernance & rituels
- Quotidien : revue des FPY par poste, signalement immédiat des passages < seuil ; action courte (5–15 min).
- Hebdomadaire : revue du RTY, des écarts FPY vs DPU, décisions structurantes (poka-yoke, standard, investissement léger).
- Mensuel : bilan coûts de non-qualité, plan d’actions pareto (20/80), arbitrages capex/opex.
KPI combinés utiles :
- RTY global vs objectif, FPY min (maillon faible), DPU total, Coût de non-qualité (€/unité), % pièces reprises, temps de retouche.
9) Erreurs fréquentes à éviter
- Confondre FPY et rendement global : un bon FPY à une étape ne sauve pas un RTY faible — l’effet cumulatif est traître.
- Sous-déclarer les défauts : si vous ne comptez pas les multi-défauts, le RTY via FPY semble “OK”… alors que Poisson révèle la réalité.
- Rework “invisible” : réinjecter discrètement des pièces dans le flux fausse le FPY ; rendez le rework traçable.
- Comparer des mix hétérogènes : normaliser votre suivi (par famille produit).
- Poursuivre un seul KPI : couplez RTY (résultat) avec des leviers (SPC, 5S, formation, poka-yoke).
10) Feuille de route d’implémentation
- Calibrer la mesure (unités, étapes, règles de rework).
- Installer le calculateur et renseigner 2–4 semaines de données.
- Comparer RTY(FPY) vs RTY(Poisson) → détecter multi-défauts.
- Prioriser via Pareto (étapes, types de défauts) + coûts.
- Agir au poste (poka-yoke, SOP, SPC) et équilibrer avec le Yamazumi.
- Vérifier l’effet : FPY monte, DPU baisse, RTY remonte.
- Standardiser et former ; passer au sujet suivant.
11) Annexes – Formules Excel (FR) prêtes à copier
- FPY_i (col. D) :
=SI.NON.DISP((B7-C7)/B7;0) - DPU_i (col. F) :
=SI.NON.DISP(E7/B7;0) - RTY global (produit des FPY) :
=SI.NON.DISP(EXP(SOMMEPROD(LN(SI(($B$7:$B$36>0)*($D$7:$D$36>0);$D$7:$D$36;1)))) ; 0) - RTY global (Poisson) :
=SI.NON.DISP(EXP(-SOMME.SI.ENS($F$7:$F$36;$B$7:$B$36;">0")));0) - RTY Poisson cumulatif (ligne n) :
=SI.NON.DISP(EXP(-SOMME.SI.ENS($F$7:INDEX($F:$F;LIGNE());$B$7:INDEX($B:$B;LIGNE());">0")));0)
Astuce : si votre Excel utilise les noms anglais, remplacez les fonctions (e.g.
SOMMEPROD→SUMPRODUCT,SOMME.SI.ENS→SUMIFS,SI.NON.DISP→IFERROR,LIGNE→ROW,INDEX→INDEX).
Guide rapide — Calculateur Excel FPY/RTY
Le duo FPY/RTY est un révélateur puissant : il quantifie où vous perdez du “bon du premier coup” et guide les actions qui redonnent de la marge (coût, délai, satisfaction client).

1) À quoi sert ce fichier ?
Mesurer simplement :
- le FPY (First Pass Yield) de chaque étape = % de pièces bonnes du premier coup ;
- le RTY (Rolled Throughput Yield) = rendement cumulé de bout en bout (probabilité qu’une pièce traverse toutes les étapes sans retouche).
Le tout avec cartes KPI, graphes et formules robustes (compatibles, sans erreurs #VALEUR!).
2) Ce que vous voyez à l’ouverture
- Bannière titre : Calculateur FPY / RTY – Version Compat v2
- Cartes KPI (en haut) :
- B3 : RTY global (Produit des FPY)
- E3 : RTY global (Poisson via DPU)
- H3 : Pièces bonnes sans reprise (≈ entrées étape 1 × RTY)
- B4 : FPY moyen | E4 : FPY min (maillon faible)
- Tableau principal (lignes 7→36) : vos étapes et calculs
- 2 graphiques à droite : FPY par étape (barres) et RTY cumulé (lignes)
3) Les colonnes (ce que vous saisissez / ce qui se calcule)
À saisir (3 colonnes)
- B — Pièces entrantes (N_in) : quantités vues à l’étape.
- C — Unités KO au premier passage : pièces qui échouent du 1er coup.
- E — Nombre total de défauts (optionnel mais recommandé) : total des défauts constatés à l’étape (permet le RTY “Poisson”).
Calculé automatiquement
- D — FPY étape = (B − C) / B
- F — DPU étape = E / B (défauts par unité)
- G — RTY cumul (× FPY) = produit des FPY jusqu’à la ligne
- H — RTY cumul (Poisson) =
EXP(-somme DPU jusqu’à la ligne)
Astuce : si B = 0, l’étape est ignorée dans les totaux (pas d’erreur).
4) Graphiques intégrés
- FPY par étape : barres verticales pour repérer vite les postes faibles.
- RTY cumulé (2 courbes) :
- Produit des FPY
- Poisson (via DPU)
Écart notable entre les deux = multi-défauts probables sur une même pièce.
5) Couleurs & alertes
- Colonne D (FPY) : dégradé vert/jaune/rouge.
- Alerte FPY < 90 % (fond rouge pâle, texte foncé).
- Excellent FPY ≥ 99 % (fond vert).
6) Mode d’emploi (en 5 étapes)
- Dans B et C, entrez vos données par étape (lignes 7→…).
- (Optionnel) Saisissez E pour activer le RTY Poisson.
- Lisez D (FPY), F (DPU), G/H (RTY cumul) et les KPI du haut.
- Comparez les deux RTY : si RTY(Poisson) << RTY(×FPY) → traquez les multi-défauts.
- Lancez les actions : poka-yoke, standardisation, formation, SPC… puis mettez à jour et suivez l’amélioration.
7) Personnaliser facilement
- Ajouter des étapes : copiez les dernières lignes (les formules suivent).
- Modifier les seuils couleur : Accueil → Mise en forme conditionnelle.
- Dupliquer la feuille pour un autre produit/site.
- Traduction FR/EN/AR : je peux fournir une variante multi-langue sur demande.
8) Dépannage rapide
- #VALEUR! quelque part ?
- Vérifiez que B/C/E contiennent des nombres (pas d’espaces ni tirets).
- La version v2 utilise SUMIFS/INDEX + IFERROR pour éviter ces erreurs ; si besoin je fournis une version ultra-compatible encore plus stricte.
- Graphiques plats : assurez-vous que B contient des valeurs > 0.
- Résultats surprenants : inspectez la cohérence des entrées (pas de double comptage des KO ni des défauts).
9) Résumé express
- Saisir B, C (et E si possible)
- Lire D, F, G, H + KPI (B3/E3/H3)
- Comparer les deux RTY
- Agir sur les étapes faibles, puis re-mesurer






