Intonation et phrase exclamative : quand la voix donne du sens aux mots (CM1–CM2)
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Une phrase exclamative est une phrase qui déborde d’émotion : joie, surprise, peur, colère, admiration… Pour un élève de CM1–CM2, apprendre à reconnaître, lire et écrire ce type de phrase, c’est apprendre à faire entendre sa voix, à nuancer son expression et à comprendre ce que disent vraiment les personnages dans un texte. L’intonation devient alors un véritable outil de lecture et d’écriture, pas un simple “détail d’oral”.
1. La phrase exclamative : la phrase de l’émotion
À l’école, on présente souvent quatre types de phrases : déclarative, interrogative, impérative et exclamative. La phrase exclamative se distingue des autres parce qu’elle sert avant tout à exprimer une émotion forte :
- la surprise : Quelle surprise !
- la joie : C’est génial !
- la colère : Ça suffit !
- la peur : Attention !
- l’admiration : Comme ce paysage est beau !
À l’écrit, le point d’exclamation signale cette intensité.
À l’oral, c’est la voix qui fait le travail : elle devient plus énergique, plus vive, parfois plus forte ou plus rapide. C’est ce lien entre ponctuation et intonation que l’on aide les élèves à construire.
2. Le rôle de l’intonation : dire “ce qu’on ressent”, pas seulement “ce qui est”
Une même suite de mots peut changer complètement de couleur selon l’intonation :
- Tu viens. (ton plat, neutre, constat)
- Tu viens ! (ton exclamé, pressant, joyeux ou agacé selon le contexte)
L’intonation :
- montre l’attitude du locuteur (enthousiaste, inquiet, énervé, admiratif…) ;
- donne des indices de sens à l’auditeur ou au lecteur ;
- transforme une phrase simple en phrase vivante.
Pour les élèves, ce travail d’intonation est précieux :
- en lecture à voix haute, il les oblige à vraiment comprendre ce qu’ils lisent (on ne lit pas Attention, la voiture arrive ! comme La voiture roule sur la route.) ;
- en production d’écrit, il les incite à choisir le bon type de phrase pour traduire une émotion ou une réaction ;
- en expression orale, il leur donne confiance : ils apprennent à moduler leur voix, pas seulement à “dire le texte”.
3. Expliquer simplement la phrase exclamative aux élèves
Pour des élèves de CM1–CM2, l’enjeu est de proposer une explication :
- claire : pas de jargon inutile ;
- concrète : des exemples proches de leur quotidien ;
- visuelle : un mémo, une fiche ou une affiche.
Quelques repères simples à installer :
- La fonction : “La phrase exclamative sert à montrer une émotion forte.”
- Le signe : “À l’écrit, elle se termine par un point d’exclamation : « ! ».”
- La voix : “À l’oral, la voix change d’intonation : elle monte, se fait plus vive, plus expressive.”
Illustrer avec des exemples courts fonctionne très bien :
- Quel beau travail tu as fait ! (admiration)
- Attention, la voiture arrive ! (peur / alerte)
- Comme tu parles fort ! (surprise / reproche)
Les élèves peuvent mimer, jouer la scène, exagérer un peu : cela ancre la notion dans le corps et pas seulement dans le cahier.
4. Les difficultés fréquentes : ce que les élèves confondent
Même avec une bonne fiche mémo, certaines confusions reviennent régulièrement.
4.1. Confusion entre phrase exclamative et impérative
La phrase impérative donne un ordre ou un conseil :
Ferme la porte. – Viens ici. – Écoutez bien.
Or, bien souvent, ces phrases peuvent prendre un point d’exclamation à l’écrit parce qu’elles sont dites sur un ton fort :
- Ferme la porte !
- Viens ici !
On peut alors expliquer aux élèves qu’une phrase peut être :
- impérative par sa valeur (ordre, défense, conseil) ;
- exclamative par sa ponctuation (présence du « ! ») et son intonation.
Pour le cycle 3, l’idée n’est pas de tout théoriser, mais de leur faire sentir que plusieurs paramètres entrent en jeu : sens, ton, ponctuation.
4.2. Oubli du point d’exclamation
Les élèves écrivent spontanément :
- Quelle surprise.
- Comme tu cours vite.
sans penser au point d’exclamation. L’oral aide beaucoup ici : aussitôt qu’on leur demande de lire la phrase “comme ils le sentent”, la voix monte, l’émotion apparaît… mais la ponctuation n’a pas suivi.
D’où l’intérêt de proposer des exercices où il faut ajouter le signe manquant et relire la phrase avec la bonne intonation.
5. Une fiche mémo gamifiée pour ancrer la notion
La fiche que tu as créée autour de l’intonation et de la phrase exclamative joue un rôle clé : elle permet de rassembler en une page ce que l’élève doit savoir, tout en le faisant agir.
5.1. Le mémo : une trace claire et rassurante
La première partie de la fiche rappelle :
- la définition de la phrase exclamative ;
- le rôle du point d’exclamation ;
- le lien avec la voix (intonation plus vive, plus forte, plus rapide parfois) ;
- quelques exemples concrets.
Cette trace peut être collée dans le cahier de leçons, sur une affiche ou dans un porte-vues. Elle devient un point de repère : au moment d’écrire un texte, l’élève peut y revenir pour vérifier comment marquer une émotion.
5.2. Les missions : repérer, transformer, lire
Les “missions” de la fiche transforment le travail en petit parcours ludique :
- Mission 1 – Je repère les phrases exclamatives
L’élève lit une série de phrases, entoure celles qui sont exclamatives et ajoute le signe manquant si besoin.
→ Objectif : automatiser le réflexe “je vois le point d’exclamation / j’entends l’émotion”. - Mission 2 – Je transforme en phrase exclamative
À partir de phrases déclaratives simples (Il fait chaud. / Tu as bien travaillé.), l’élève réécrit la phrase en version exclamative, parfois en ajoutant un mot :
Comme il fait chaud ! – Tu as tellement bien travaillé !
→ Objectif : jouer avec la langue, enrichir les formulations, choisir les bons intensificateurs (comme, que, tellement…). - Mission 3 – Je lis avec la bonne intonation
Un petit tableau propose des phrases comme Quel beau travail tu as fait !, Attention, la voiture arrive !. L’élève coche lorsqu’il estime avoir mis “la bonne intonation” en lisant à voix haute.
→ Objectif : lier le geste de lecture, la compréhension du sens et l’expressivité de la voix.
6. Des idées pour prolonger le travail en classe ou à la maison
Une fois la fiche utilisée, d’autres activités peuvent renforcer la notion.
- En lecture : repérer, sur un texte d’album ou de roman, toutes les phrases exclamatives, les surligner, se demander “quelle émotion ?”
- En production d’écrit : proposer une petite scène de BD sans texte et demander d’écrire des bulles en jouant uniquement sur les phrases exclamatives.
- En jeu théâtral : donner une même phrase exclamative (C’est pas vrai !) et faire varier l’émotion : surprise, joie, colère, déception.
- En travail de groupe : chaque groupe invente 3 phrases exclamatives, les autres doivent deviner l’émotion exprimée.
Ces prolongements montrent aux élèves que la phrase exclamative n’est pas un simple chapitre de grammaire, mais un outil vivant pour raconter, réagir, avertir, encourager.

Synthèse 😉
Travailler l’intonation et la phrase exclamative au CM1–CM2, c’est bien plus que cocher une case du programme. C’est aider l’élève à relier écrit et oral, ponctuation et émotion, texte et voix.
La fiche mémo gamifiée joue ici le rôle de passerelle : elle rappelle les repères essentiels, tout en proposant des missions concrètes où l’élève agit, lit, transforme, s’exprime. À force de manipuler ces phrases “qui s’exclament”, il apprend à donner du relief à ses lectures et à ses écrits… et découvre que la grammaire, quand elle passe par la voix, devient soudain beaucoup plus vivante.





