Abaque de chiffrage pour projet informatique : modèle Excel prêt à l’emploi + guide complet
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Le chiffrage d’un projet informatique reste, pour beaucoup d’équipes, un exercice délicat : on jongle entre hypothèses techniques, durée réelle des développements, charges de tests, pilotage, risques… Un simple « devis au doigt mouillé » ne suffit plus dès que l’on parle d’applications métiers, de portail client ou d’interfaces avec un SI existant.
Un abaque de chiffrage structuré, dans un fichier Excel clair, permet de transformer ce moment souvent flou en démarche argumentée, réutilisable et partageable avec la DSI, le métier ou le client final. C’est exactement l’objectif du modèle Excel de chiffrage projet informatique avec abaque et ratios, présenté ci-dessous.
Du « devis au doigt mouillé » à l’abaque argumenté
Pendant longtemps, le chiffrage d’un projet informatique s’est souvent résumé à une addition rapide de jours « ressentis » : un peu pour l’analyse, un peu pour le développement, un peu pour les tests… et une marge ajoutée à la fin, presque par réflexe. Tant que les enjeux étaient modestes, cette méthode empirique passait encore. Mais dès que les montants augmentent, que plusieurs équipes sont impliquées ou que la direction demande des explications, ces estimations deviennent difficiles à défendre. L’abaque change la donne : il oblige à expliciter les hypothèses, à rattacher chaque nombre à un type de livrable et à une complexité, à documenter les choix. On ne parle plus de « feeling », mais d’une base structurée, réutilisable d’un projet à l’autre.
Un langage commun entre technique, métier et finance
Le même fichier Excel devient ensuite un traduction simultanée entre trois mondes qui se comprennent rarement du premier coup : les développeurs, les métiers et la finance. Côté technique, on raisonne en écrans, en interfaces, en batchs, en charges unitaires. Quant au métier, on parle plutôt de parcours client, de reporting, de processus à fluidifier. Côté finance, la question reste simple : combien cela coûte-t-il, et pour quel niveau de risque ? L’abaque et le chiffrage détaillé permettent de passer de l’un à l’autre sans perdre personne : les livrables sont visibles, les hypothèses sont écrites, les ratios par phase sont clairs. Le débat ne porte plus sur un chiffre global jugé « trop cher » ou « trop optimiste », mais sur la structure du projet et sur les arbitrages possibles.
⬇️⬇️⬇️La pratique
1. Pourquoi structurer le chiffrage d’un projet informatique ?
Un projet informatique ne se résume pas à une liste de jours de développement. Dès le cadrage, plusieurs questions reviennent systématiquement :
- Combien de temps prend réellement un écran de saisie, une API, un batch ou un état de reporting ?
- Quelle part du budget doit être affectée à la conception, aux tests, au pilotage ?
- Comment intégrer les charges indirectes, la marge et les risques sans donner l’impression d’« inventer » des pourcentages ?
Sans outil dédié, le chiffrage repose sur la mémoire de quelques experts ou sur des fichiers épars, difficiles à mettre à jour.
Un modèle Excel d’abaque projet offre au contraire :
- une base de référence : des charges unitaires réalistes pour chaque type de livrable ;
- un chiffrage détaillé par livrable (par lot, par écran, par interface…) ;
- une synthèse lisible pour les décideurs ;
- une cohérence d’un projet à l’autre, qui professionnalise la démarche de devis et de pilotage.
2. Le principe de l’abaque de chiffrage
L’abaque fonctionne comme un tableau de conversion : pour chaque type de livrable standard, on associe une charge unitaire en jour-homme (j.h), ajustée selon la complexité. Par exemple :
- Écran de consultation simple – complexité faible – 0,5 j.h
- Écran transactionnel standard – complexité moyenne – 1 j.h
- Interface API synchrone – complexité moyenne – 2 j.h
- Interface batch asynchrone – complexité forte – 3 j.h
- Rapport multi-critères – complexité moyenne – 1,25 j.h
Le chef de projet n’a plus à « réinventer » la charge de chaque écran ou interface. Il se concentre sur :
- le nombre d’unités (combien d’écrans, d’API, de batchs, d’états ?)
- le niveau de complexité (Faible / Moyenne / Forte)
Le fichier Excel applique ensuite des formules pour :
- calculer la charge totale par livrable (unités × charge unitaire) ;
- appliquer un TJM (taux journalier moyen) ;
- intégrer les charges indirectes, la marge commerciale et la contingence / risques ;
- produire un coût total HT par livrable, par lot et pour le projet global.
3. Présentation du modèle Excel de chiffrage projet informatique
Le modèle se structure autour de plusieurs feuilles complémentaires, chacune avec un rôle précis.
3.1. Feuille « Infos_Projet » : la fiche d’identité et les paramètres globaux
Cette feuille joue le rôle de fiche projet et de centre de contrôle :
- Nom du projet, client ou DSI, chef de projet MOE, chef de projet MOA
- Dates de début et de fin estimées
- Statut du chiffrage (Brouillon, Révisé, Validé) via une liste déroulante
Juste en dessous, une zone regroupe les paramètres économiques :
- TJM moyen de base (€/jour)
- Taux de charges indirectes (%)
- Marge commerciale cible (%)
- Taux de contingence / risques (%)
Ces valeurs alimentent automatiquement les calculs dans les feuilles de chiffrage. Modifier un pourcentage suffit pour actualiser instantanément tous les coûts du projet.
3.2. Feuille « Abaque_Livrables » : le catalogue des objets techniques
Cette feuille contient l’abaque lui-même :
Pour chaque livrable standard, le tableau présente :
- une clé technique (par exemple
ECRAN_CONSULTATION|Faible) - le type de livrable (écran, API, batch, rapport, écran de paramétrage…)
- la famille ou domaine (IHM, Interface, Reporting, Traitement, Administration…)
- la complexité (Faible / Moyenne / Forte)
- l’unité de comptage (par écran, par interface, par job, par état…)
- la charge unitaire (j.h)
- un commentaire qui documente les hypothèses (logique métier simple, batch nocturne, rapport à filtres multiples, etc.)
Cette abaque constitue le cœur de l’outil : plus il est alimenté à partir de retours d’expérience réels, plus le chiffrage devient fiable et opposable, que ce soit en interne ou face au client.
3.3. Feuille « Chiffrage_Detaille » : le chiffrage par lot et par livrable
Cette feuille est celle que le chef de projet va manipuler le plus souvent.
Chaque ligne correspond à un livrable concret d’un lot :
- Lot / stream (ex. « LOT 1 – Portail web »)
- ID de livrable (L1-01, L1-02…)
- Type de livrable (liste déroulante alimentée par l’abaque)
- Complexité (Faible / Moyenne / Forte)
- Clé abaque (Type + Complexité, utilisée pour aller chercher la charge unitaire)
- Nombre d’unités (écrans, API, rapports, batchs…)
- Charge unitaire (récupérée automatiquement dans l’abaque)
- Charge totale en jour-homme
- Coût total HT (avec charges indirectes, marge, risques)
- Commentaire libre
Le modèle contient déjà un scénario complet prérempli :
- Portail web B2B avec plusieurs écrans de consultation et transactionnels
- Interfaces API synchrones et asynchrones
- Traitements batch planifiés
- Écrans d’administration
- États et rapports multi-critères
En bas de tableau, une ligne TOTAL calcule :
- la charge totale projet (en j.h)
- le coût total projet HT (€)
Une mise en forme conditionnelle met en évidence les livrables les plus coûteux, grâce à un dégradé de couleur dans la colonne des coûts (du vert au rouge clair). Le regard se pose immédiatement sur les postes qui pèsent le plus.
3.4. Feuille « Ratios_Projet » : la répartition par phase
Chiffrer le projet par livrable ne suffit pas. Il reste à répondre à la question :
« Combien de budget pour la conception, le développement, les tests, le pilotage… ? »
La feuille « Ratios_Projet » propose une répartition standard, sous forme de ratios :
- Conception / Spécifications
- Développement / Réalisation
- Tests / Recette
- Pilotage / Coordination
- Documentation / Formation
- AMOA / Conduite du changement
Pour chaque phase :
- un ratio (par exemple 40 % pour le développement, 20 % pour les tests…)
- la charge en j.h calculée à partir de la charge totale du projet
- le coût HT calculé à partir du coût total
Une ligne de contrôle indique la somme des charges et des coûts par phase, afin de vérifier la cohérence avec le total global.
3.5. Feuille « Synthese_Projet » : la vue “direction” multi-couleurs
La dernière feuille joue le rôle de tableau de bord synthétique.
Les principaux indicateurs sont regroupés en quelques lignes :
- Nom du projet (repris automatiquement de la fiche Infos_Projet)
- Charge totale projet (en j.h)
- Coût total projet HT (€)
- TJM complet moyen (coût total / charge totale)
Puis viennent les coûts par phase :
- Coût conception / spécifications
- Coût développement / réalisation
- Coût tests / recette
- Coût pilotage / coordination
- Coût documentation / formation
- Coût AMOA / change
La mise en forme multi-couleurs permet une lecture immédiate :
- bloc d’identité du projet en bleu ;
- indicateurs globaux en vert ;
- phases colorées (orange pour la conception, bleu pour le développement, violet pour les tests, gris pour le pilotage, jaune pour la documentation, rose clair pour l’AMOA) ;
- une ligne de vérification compare la somme des coûts par phase avec le coût total projet.
Cette synthèse peut être directement exportée en PDF ou intégrée à une présentation de comité de pilotage ou de validation budgétaire.
4. Mode d’emploi : comment utiliser concrètement le modèle ?
Une fois le modèle téléchargé, la mise en œuvre se déroule en quelques étapes simples.
Étape 1 – Renseigner les informations générales du projet
Sur la feuille Infos_Projet :
- Saisir le nom du projet, le client, les responsables MOE/MOA, les dates prévisionnelles.
- Ajuster le TJM, les charges indirectes, la marge et le taux de risques selon le contexte (projet interne, forfait client, TMA, etc.).
Ces paramètres deviendront la référence commune à tous les calculs.
Étape 2 – Adapter l’abaque à votre contexte
Sur la feuille Abaque_Livrables :
- Relire les types de livrables proposés : écrans, interfaces, batchs, rapports, écrans de paramétrage…
- Ajuster les charges unitaires en fonction des retours d’expérience de votre équipe.
- Ajouter, si besoin, de nouveaux livrables : écrans mobiles, micro-services, flux temps réel, tableaux de bord BI, etc.
L’abaque évolue projet après projet. Plus il est nourri, plus le chiffrage gagne en crédibilité.
Étape 3 – Chiffrer le projet par lot
Sur la feuille Chiffrage_Detaille :
- Créer ou modifier les lots (Portail web, Interfaces, Reporting, Administration…).
- Pour chaque livrable :
- choisir le type dans la liste déroulante ;
- choisir la complexité ;
- saisir le nombre d’unités ;
- décrire les hypothèses dans la colonne commentaire.
- Laisser Excel calculer la charge totale en j.h et le coût HT pour chaque ligne.
Le total en bas de tableau donne immédiatement le volume global du projet.
Étape 4 – Examiner la répartition par phase
Sur la feuille Ratios_Projet :
- Vérifier si les ratios de conception, développement, tests, pilotage, etc. conviennent au contexte du projet.
- Ajuster les pourcentages si nécessaire (par exemple plus de tests dans un contexte réglementaire fort).
Les charges et coûts se recalculent automatiquement. La phase la plus consommatrice apparaît clairement.
Étape 5 – Générer une synthèse pour décision
Sur la feuille Synthese_Projet :
- Contrôler la cohérence entre :
- charge totale, coût total, TJM complet ;
- coûts par phase ;
- Réutiliser cette synthèse dans :
- une note de cadrage ;
- un support de comité projet / comité budgétaire ;
- un devis client détaillé.
Le document ne se limite plus à un chiffre global ; il montre la structure du chiffrage, ce qui renforce la confiance et facilite les arbitrages.

5. Un outil pédagogique autant qu’opérationnel
Ce modèle Excel d’abaque et de chiffrage projet informatique n’est pas seulement un fichier de calcul. Il devient :
- un support de dialogue entre la DSI et les métiers : chacun voit comment le budget se construit, livrable par livrable, phase par phase ;
- un outil pédagogique pour les chefs de projet juniors, qui apprennent à estimer une charge sans partir de zéro ;
- une mémoire des projets passés, que l’on peut enrichir en recalant l’abaque à chaque retour d’expérience.
À mesure que l’organisation l’utilise, le modèle gagne en fiabilité et en finesse. Les chiffrages deviennent plus rapides, plus transparents, et mieux alignés avec la réalité des équipes terrain.









