Modèle de planogramme merchandising (Excel) — guide complet
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Au cœur d’un magasin, le linéaire raconte une histoire de millimètres et de minutes : millimètres de façade qui se disputent l’attention, minutes gagnées ou perdues par un client devant l’étagère. Entre ruptures invisibles et marges qui s’étiolent, une conviction s’impose chez les responsables d’enseigne : le planogramme n’est plus un “croquis de placement”, c’est un instrument de pilotage. Et, souvent, un simple fichier Excel bien pensé suffit à remettre de l’ordre – et du résultat.
L’idée est simple : caler l’offre sur la demande réelle, traduire les règles de merchandising en chiffres, puis organiser l’espace en conséquence. Le planogramme Excel devient alors un jumeau opérationnel du rayon : base articles, contraintes du meuble, paramètres de couverture, affectations par étagère, et un tableau de bord qui tranche les arbitrages. À la clé, moins d’intuition isolée, davantage de décisions explicables.
Le rayon, entre esthétique et économie
Le merchandising a longtemps privilégié l’alignement “propre” et la répétition rassurante du facing. La crise des stocks et la volatilité de la demande ont rebattu les cartes : ce qui compte, c’est la disponibilité sur les best-sellers, la lisibilité des prix et la rentabilité au centimètre. Un planogramme mesuré, c’est une promesse tenue : la référence qui part vite ne disparaît plus de l’étagère le samedi après-midi, les produits d’image cessent de surconsommer le linéaire, les compléments (cross-sell) se trouvent au bon endroit.
Ce que modélise vraiment un planogramme Excel
Un modèle utile ne se contente pas d’une belle grille. Il encadre quatre dimensions :
- Physique : largeur/hauteur/profondeur des meubles, nombre d’étagères, “zone œil”, joues et marges de sécurité.
- Règles : verticalité par marque/segment, minimas de facings selon la criticité (A/B/C), blocs prix, saisonnalité.
- Demande : ventes glissantes, jours de couverture cibles, alerte rupture.
- Performance : part de linéaire, ventes par facing, GMROI, conformité magasin vs plan.
La feuille Planogramme affecte chaque SKU à une étagère, précise le nombre de facings et la profondeur utile. La feuille Calculs convertit ces choix en capacité et en couverture, et remonte les alertes. La feuille Dashboard répond à la question qui fâche : “où gagnons-nous de l’argent, et où risquons-nous d’en perdre ?”
Les indicateurs qui changent la donne
- Couverture (jours) : en dessous d’un seuil, c’est l’alerte OOS.
- Ventes/facing : comprime la vanité visuelle au profit de l’efficacité.
- Part de linéaire : arbitrage politique entre marques – désormais objectivé.
- GMROI : la marge rapportée au stock moyen en coût ; un révélateur des “beaux produits” qui immobilisent trop.
- Conformité magasin : l’écart entre plan et réalité, suivi avec des fiches d’implantation imprimables.
Ces KPI n’ont rien d’abstrait : ils conditionnent la vitesse de rotation, l’expérience client et, in fine, la contribution du rayon.
Terrain : l’exécution compte double
Un plan efficace sait descendre en magasin. Les équipes attendent des supports clairs : par étagère, une vignette visuelle, la liste des références avec facings, une case à cocher pour la conformité, un encadré “exceptions” (substitutions en cas de rupture). L’idéal : un QR code renvoyant vers la version Excel à jour. Côté siège, la boucle s’achève avec des retours photo et un relevé de ventes ; le modèle apprend, la prochaine version s’affine.
Méthodes : du principe à la pratique
“Eye level” pour les relais de marge, “vertical blocking” pour guider l’œil, adjonction produit-complément pour la valeur panier : ces mantras tiennent bon, mais changent de statut. Le planogramme les rend mesurables : on simule le passage de 2 à 3 facings, on teste une permutation de marque, on relooke une tête de gondole – et on lit l’impact sur couverture et GMROI. Excel n’est pas qu’un tableur : c’est un laboratoire A/B à ciel ouvert.
Les écueils récurrents
Trois pièges reviennent dans tous les secteurs :
- Sur-exposer les produits “image” au détriment des références A qui font le volume.
- Oublier la profondeur : la façade flatte, la capacité réelle protège la disponibilité.
- Négliger la marge de sécurité (joues, butées, 2–3 cm perdus) – le plan parfait sur écran devient impossible à monter en rayon.
Pourquoi maintenant ?
Parce que l’omnicanal a rendu le rayonnage moins tolérant : click-and-collect, achats de rattrapage, saisonnalité courte. Parce que la pression logistique impose des couvertures maîtrisées. Et parce qu’un tableur structuré coûte moins qu’un logiciel spécialisé, tout en fournissant 80 % de la valeur… à condition de respecter la méthode.
À retenir en 30 secondes
- Un planogramme Excel bien conçu oriente l’espace par la demande, pas par l’esthétique.
- Les KPI clés (couverture, part de linéaire, ventes/facing, GMROI) objectivent les arbitrages.
- L’exécution magasin – fiches d’implantation, contrôle photo, boucles de retour – détermine la performance réelle.
Le planogramme est une gouvernance du rayon. Tant qu’il vit – alimenté par des données fiables, traduit en consignes simples, évalué par des indicateurs clairs – chaque centimètre de linéaire cesse d’être un décor et redevient une ressource. Excel, humble mais précis, en fournit la charpente : de quoi replacer la décision au centre et redonner au merchandising son rôle premier : aider à vendre mieux, durablement.
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Un bon planogramme ne sert pas qu’à “joliment ranger” : il sécurise la disponibilité produit, accélère la lecture du rayon, et convertit mieux chaque centimètre linéaire. Avec Excel, vous pouvez bâtir un modèle robuste, imprimable en A4/A3, qui pilote à la fois l’implantation et les indicateurs (ventes/facing, couverture, part de linéaire, GMROI).
1) Ce que doit gérer un planogramme
- Contraintes physiques : largeur du meuble, hauteurs d’étagères, profondeurs, joues, butées, éclairage.
- Règles merchandising : blocs marque/couleur, verticalité (de haut en bas), “eye level”, tranches prix, alternance formats.
- Demande & stock : facings vs. ventes moyennes, profondeur utile, jours de couverture cibles.
- Performance : rotation, marge, part de linéaire, conformité d’implantation magasin.
2) Structure recommandée du fichier Excel
Feuilles proposées :
- 01_SKU (base articles)
SKU | Libellé | Marque | Catégorie | Segment | Largeur_cm | Profondeur_cm | Hauteur_cm | Prix | Marge_% | Ventes_J | Ventes_Semaine | Statut (A/B/C) | Rôle (Traffic/Assortiment/Image/Saisonnier) - 02_Meuble (gabarit)
ID_Meuble | Magasin | Largeur_cm | Hauteur_cm | Profondeur_cm | Nb_Étagères | Bande_Joue_cm | Zone_Œil (cm du sol) - 03_Paramètres
Jours_Couverture_Cible | Min_Facings_par_Rôle | Seuil_Rupture (jours) | Épaisseur_Rangée | Couleurs_Zones - 04_Planogramme (affectations)
Étagère | X_debut_cm | X_fin_cm | SKU | Facings | Profondeur_Rangs | Niveaux | Remarques - 05_Calculs (automatique)
Capacité, couverture, part de linéaire, ventes/facing, GMROI, alerte rupture. - 06_Dashboard
KPIs + Pareto ruptures, heatmap zones chaudes/froides. - 07_Impression
Fiches “instruction magasin” par étagère (A4) : visuel + liste à cocher.
Un modèle Excel bien paramétré fait office de système : il matérialise la stratégie de rayon, orchestre les contraintes, et éclaire les arbitrages entre disponibilité et rentabilité. La discipline “données → règles → implantation → contrôle” produit des linéaires qui vendent mieux… et qui se maintiennent plus facilement au quotidien.
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3) Champs clés & calculs (formules prêtes)
Capacité face × profondeur × niveau
=Facings * ENT( Profondeur_Etagere_cm / Profondeur_cm ) * Niveaux
Couverture (jours)
=Capacite_Unites / Ventes_J
Ventes par facing (semaine)
=Ventes_Semaine / MAX(1; Facings)
Part de linéaire (%)
=(Facings * Largeur_cm) / SOMME.SI(Étagère;Étagère;Facings * Largeur_cm)
GMROI (marge brute / stock moyen en coût)
=(Ventes_An * Prix * Marge_%) / (Stock_Moyen_Qté * Prix_Achat)
Alerte risque OOS (rupture)
=SI( Couverture_Jours < Seuil_Rupture ; "ALERTE" ; "" )
Conformité planogramme (%) (magasin vs. plan)
=Facings_Réels / Facings_Prévus
4) Mise en forme & ergonomie (gagne-temps)
- Grille visuelle : fixez une échelle simple (ex. 1 colonne = 1 cm). Verrouillez la largeur des colonnes de la feuille 04_Planogramme et utilisez des formes (rectangles) dont la largeur =
Facings * Largeur_cm. - Couleurs sémiotiques :
- Catégories (couleurs pleines),
- Marque (liseré),
- Statut ABC (icône),
- Alertes (rouge si couverture < seuil).
- Listes déroulantes : Catégorie, Segment, Rôle, Statut ABC, Étagère.
- MFC (mise en forme conditionnelle) : heatmap Ventes/facing, Couverture, Part de linéaire.
- Slicer (tableaux) : filtre rapide par magasin, meuble, catégorie, marque.
- Zone d’instructions : cartouche haut de page (meuble, date, responsable, version), cases à cocher pour contrôle terrain.
5) Processus de construction (pas à pas)
- Importer la base produits + ventes (8–13 semaines glissantes).
- Paramétrer les meubles (dimensions réelles, hauteurs d’implantation).
- Règles métier : min. facings par rôle ou statut ABC (ex. A ≥ 3, B ≥ 2, C ≥ 1).
- Affecter les SKU sur chaque étagère (verticalité par marque/segment).
- Calibrer facings avec l’objectif de jours de couverture (ex. 5–7 j).
- Contrôler les KPIs : ventes/facing, part linéaire, GMROI, alertes OOS.
- Générer les fiches magasin (PDF A4) + checklist conformité.
6) Règles merchandising utiles (raccourci terrain)
- Eye level pour les best-sellers et relais de marge.
- Vertical blocking : du petit au grand format, du basique au premium.
- Prix : lisibilité croissante gauche→droite ou bas→haut selon enseigne.
- Adjacence : produits complémentaires à proximité (panachage cross-sell).
- Saisonnalité : modules interchangeables (tête de gondole, clip strip).
7) Mini-tableau d’arbitrage (exemple)
| Catégorie | Rôle | Statut | Min facings | Cible couverture (j) |
|---|---|---|---|---|
| Bestseller | Traffic | A | 3 | 7 |
| Cœur de gamme | Assortiment | B | 2 | 5 |
| Image / Premium | Image | B/C | 1–2 | 4 |
| Saisonnier | Saisonnier | C | 1 | 3 |
8) Dashboard (indicateurs à suivre)
- Disponibilité : % SKU avec couverture ≥ seuil.
- Ruptures probables : TOP 10 par Couverture < Seuil.
- Part de linéaire par marque/catégorie (barres empilées).
- Ventes/facing et GMROI (scatter pour arbitrer).
- Conformité magasin (%) par visite.
9) Variantes sectorielles
- GMS / épicerie : profondeur critique, multi-rangs, shrink sensible.
- Pharmacie / beauté : verticalité par teinte/usage, stops-rayon.
- Bricolage / auto : formats hétérogènes, sécurité, PLV techniques.
- Électronique : dummies/coffrets, antivols, démonstrateurs sous tension.
10) Erreurs courantes à éviter
- Surdoser les facings des “image SKU” au détriment des A.
- Oublier les joues et marges de sécurité (2–3 cm par côté).
- Ignorer la profondeur (capacité rangs) et les ruptures silencieuses.
- Ne pas boucler avec le terrain (photos de conformité, retours équipe).
11) Check-list d’export (prête à imprimer)
- Fiche meuble avec visuel par étagère (A4).
- Liste à cocher SKU / Facings / Position.
- Cartouche : magasin, date, version, contact.
- Encadré “Exceptions” (produits manquants, substitution).
- QR code vers version Excel à jour (optionnel).








