Coordination SPS (Bâtiment & Génie civil) : checklist à télécharger
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Quand plusieurs entreprises interviennent sur une même opération, la sécurité se joue d’abord dans l’organisation. La coordination SPS (Sécurité et Protection de la Santé) donne justement ce cadre : elle met de la clarté dans les interfaces, fixe des règles communes, et installe une traçabilité qui protège autant les personnes que le projet. Le coordonnateur SPS (CSPS) pilote cette mécanique, avec des outils précis : PGC/PGCSPS, PPSPS, registre-journal, DIUO.
Une checklist bien construite devient alors une “colonne vertébrale” : elle sécurise le démarrage, structure les visites, et rend chaque décision vérifiable. Elle apporte aussi un bénéfice très concret : moins d’improvisation, donc moins d’arrêts, moins de frictions, et des arbitrages plus rapides dès que l’opération évolue.
Ce que la coordination SPS apporte vraiment
La coordination SPS s’impose dès que l’opération prévoit l’intervention de plusieurs entreprises ou travailleurs indépendants : le maître d’ouvrage met en place l’organisation SPS, et le CSPS coordonne les mesures de prévention liées à la coactivité.
Dans la pratique, la mission vise trois résultats très lisibles :
- Un référentiel commun, compris par tous (règles de circulation, zones de stockage, levage, protections collectives, accès, installations provisoires…).
- Une cohérence entre les méthodes de travail : chaque entreprise garde ses procédures, tout en respectant l’architecture générale et les interfaces.
- Une traçabilité : décisions, constats et mesures figurent dans un registre-journal qui devient une pièce centrale du pilotage SPS.
Les 4 pièces maîtresses à maîtriser (et à “faire vivre”)
1) Le PGC / PGCSPS : la charpente
Le Plan Général de Coordination fixe les mesures d’organisation et de prévention communes, pensées pour la coactivité. Il encadre notamment les protections collectives, les appareils de levage, les accès provisoires, et les installations générales comme l’électricité provisoire.
2) Les PPSPS : la méthode de chaque entreprise
Chaque entreprise traduit sa prévention en plan concret (moyens, procédures, modes opératoires). Le CSPS veille à la compatibilité entre PPSPS et PGC, et organise les inspections communes avant intervention.
3) Le registre-journal : la mémoire utile
Le registre-journal trace les actions, observations et mesures de coordination. Il s’inscrit dans le cadre réglementaire de la coordination SPS, avec des exigences de conservation (notamment après réception).
4) Le DIUO : le “mode d’emploi” pour l’après-travaux
Le Dossier d’Intervention Ultérieure sur l’Ouvrage prépare les interventions futures (maintenance, entretien, accès, protections, points sensibles). Il se constitue dès la conception, puis se finalise en fin d’opération avec les informations “tel que réalisé”.
Pourquoi une checklist change le niveau de contrôle
Une coordination SPS efficace ressemble à une routine professionnelle : les mêmes points reviennent, avec une exigence simple — vérifier, acter, ajuster. La checklist sert précisément à :
- séquencer l’opération (conception → préparation → réalisation → clôture),
- standardiser les visites et réunions,
- documenter les décisions (preuve + date + responsable + action),
- accélérer l’intégration des nouveaux intervenants (sous-traitants, intérim, nouveaux lots).
Elle agit comme un filet de sécurité organisationnel : elle limite les oublis, rend les écarts visibles, et soutient la mise à jour du PGC quand la réalité évolue.
La checklist en 5 temps : logique terrain, logique preuve
1) Qualification de l’opération : obligations, catégorie, documents
Première étape : qualifier l’opération (catégorie 1/2/3, déclaration préalable selon seuils, organisation associée). Les seuils et la logique de classement structurent ensuite le niveau de dispositif attendu.
2) Conception : prévention intégrée, pas ajoutée
La conception donne la puissance au dispositif. C’est là que se verrouillent les accès, les circulations, les zones de levage, la gestion des trémies, les protections collectives, les installations provisoires, et les sujétions “moyens communs”. Le PGC se prépare dans ce cadre, et le DIUO s’amorce en parallèle.
3) Préparation : inspection commune + PPSPS compatibles
Le démarrage se gagne avant la première activité productive. Les inspections communes et la réception des PPSPS donnent la lecture des méthodes, des interfaces et des risques spécifiques. Le PGC devient alors un document “vivant” : il guide la mise en place du plan d’installation, des circulations, des zones de stockage, des accès, des règles de coactivité.
4) Réalisation : coactivité, changements, traçabilité
Au fil des travaux, la coordination devient un pilotage. La checklist se transforme en rituel : vérification des protections collectives, gestion des circulations engins/piétons, levage, terrassements, consignations, balisages, propreté, zones partagées, séquencement des tâches. Le registre-journal trace les constats et les mesures : une décision consignée vaut mieux qu’une décision “connue de tous”.
5) Clôture : DIUO final + bilan SPS
La fin d’opération protège l’avenir. Le DIUO final sert aux interventions futures, avec les accès, les points d’ancrage, les zones techniques, les risques résiduels et les précautions. La checklist “fin de chantier” sécurise également le retrait des installations provisoires, l’archivage, et le retour d’expérience.
Bâtiment vs Génie civil : mêmes principes, vigilance différente
La méthode SPS reste identique, tandis que les zones de vigilance changent :
- Bâtiment : travail en hauteur, protections de trémies, interfaces “gros œuvre / second œuvre”, circulation verticale (escaliers provisoires, ascenseurs de chantier), manutentions répétées.
- Génie civil : terrassements, stabilité talus/blindage, réseaux, circulation d’engins lourds, coactivité sur linéaires, accès secours, gestion des zones de manœuvre.
La checklist permet de garder le même standard de contrôle, tout en adaptant les points critiques au contexte technique.
Comment exploiter vos modèles Word & Excel au quotidien
- Word (A4 “officiel”) : parfait pour impression, affichage base-vie, classeur SPS, visites terrain (signature, date, observations).
- Excel : idéal pour piloter : filtrer par phase, responsable, statut ; ajouter échéances ; extraire une liste d’actions ; produire un tableau “à traiter cette semaine”.


Une pratique très efficace consiste à “lier” les deux : Word pour la visite et la preuve, Excel pour la consolidation et le suivi. Le registre-journal devient alors plus simple à alimenter : chaque point traité renvoie à une action tracée.
ENCART 1 — Coordination SPS : obligatoire quand ? (le critère qui décide tout)
La coordination SPS s’impose dès qu’une opération de bâtiment ou de génie civil prévoit l’intervention de plusieurs entreprises ou de plusieurs travailleurs indépendants, sous-traitants inclus. Ce déclencheur vaut même si les interventions se succèdent dans le temps : l’enjeu reste la maîtrise des interfaces (accès, circulations, protections collectives, moyens communs). (Légifrance)
Ce que cette obligation met en place, concrètement :
- la désignation d’un coordonnateur SPS par le maître d’ouvrage ;
- une organisation de prévention orientée “coactivité” (les risques naissent souvent entre deux métiers, deux zones, deux plannings) ;
- des outils structurants (PGC/PGCSPS, PPSPS, registre-journal, DIUO) dont l’intensité dépend de la catégorie.
Repère simple pour trancher vite : dès que le planning “invite” au moins deux intervenants distincts (entreprises et/ou indépendants), la coordination SPS devient la bonne grille de lecture.
ENCART 2 — Catégories SPS 1 / 2 / 3 : le classement qui règle le niveau d’exigence
Les opérations se classent en trois catégories. Ce classement ne sert pas à “étiqueter” un projet : il sert à calibrer la coordination (niveau de formalisation, instances, documents). (Légifrance)
Catégorie 1 : l’opération “grande coactivité”
- Volume > 10 000 hommes-jours
- et au moins 10 entreprises (bâtiment) ou 5 (génie civil).
➡️ Marqueur fort : CISSCT obligatoire (collège interentreprises), présidé par le coordonnateur SPS.
Catégorie 2 : l’opération “significative”
Elle correspond aux opérations soumises à déclaration préalable (hors catégorie 1). Le plus souvent, elle se repère grâce aux seuils “30 jours / 20 travailleurs” ou “500 hommes-jours”.
Catégorie 3 : les autres opérations soumises à coordination
Dès que la coordination SPS est requise, toutes les opérations ne dépassent pas forcément les seuils de déclaration préalable : elles entrent alors dans une catégorie plus légère, tout en gardant une logique de coordination et de traçabilité.
Méthode “20 secondes” pour classer :
- Est-ce que le projet vise > 10 000 hommes-jours + seuil entreprises ? → Cat. 1
- Sinon, est-ce que l’un des seuils de déclaration préalable est atteint ? → Cat. 2
- Sinon → Cat. 3 (coordination requise mais sans les seuils de DP).
ENCART 3 — Seuils de déclaration préalable SPS : quand faut-il la déclencher ?
La déclaration préalable s’applique aux opérations de bâtiment/génie civil qui franchissent au moins un des deux seuils suivants : (Légifrance)
- Durée > 30 jours ouvrés et effectif prévisible > 20 travailleurs à un moment quelconque des travaux.
- Volume prévu > 500 hommes-jours.
Pourquoi ces seuils comptent autant : ils signalent une opération où la coactivité et la densité d’intervenants rendent indispensable une prévention formalisée, transmissible, et vérifiable.
Astuce de pilotage : la déclaration préalable fonctionne comme un “feu vert administratif” qui oblige à verrouiller tôt les fondamentaux (planning, interfaces lots, moyens communs, organisation des secours, circulation, zones de levage).
ENCART 4 — “30 jours / 20 travailleurs” : l’explication qui évite les erreurs de lecture
La règle se lit comme une combinaison :
- plus de 30 jours ouvrés (donc des jours réellement travaillés),
- et une pointe d’effectif qui dépasse 20 travailleurs à n’importe quel moment de l’opération.
Ce que “pointe d’effectif” signifie vraiment
Il s’agit du moment où l’opération rassemble le plus de monde, tous intervenants confondus : entreprises, sous-traitants, intérimaires, travailleurs indépendants.
Trois situations typiques (et leur lecture)
- Cas A : 8 semaines de travaux, pic à 24 personnes pendant 3 jours → seuil atteint (durée + pointe).
- Cas B : 25 jours ouvrés, pic à 28 personnes → seuil “30/20” non atteint (durée insuffisante), mais le seuil 500 hommes-jours peut s’appliquer selon la charge globale.
- Cas C : 45 jours ouvrés, effectif stable à 12 → seuil “30/20” non atteint ; la déclaration préalable dépend alors du volume hommes-jours.
Le réflexe “hommes-jours” (simple et robuste)
Hommes-jours = effectif moyen × nombre de jours travaillés.
C’est souvent le meilleur garde-fou quand l’effectif varie (pics courts, renforts, sous-traitance).
Mini-résumé prêt à intégrer (en bas de page, style encadré)
- Coordination SPS : dès que plusieurs entreprises/indépendants interviennent (sous-traitants inclus).
- Cat. 1 : > 10 000 hommes-jours + seuil entreprises → CISSCT obligatoire.
- Déclaration préalable : (>30 jours ouvrés ET >20 travailleurs en pointe) OU >500 hommes-jours. (






