Famille de mots : fiche gamifiée sur les mots de la même famille
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Pour un élève de CM1 ou de CM2, comprendre les mots de la même famille change réellement la façon de lire, d’écrire et d’orthographier. Derrière ce concept apparemment simple se cachent des réflexes linguistiques précieux : repérer un radical, reconnaître un suffixe, faire le lien entre plusieurs mots d’un texte. Lorsqu’on en fait un jeu, avec des missions, des étoiles et des défis chronométrés, l’élève n’a plus seulement l’impression de “faire un exercice” : il se sent en exploration dans la langue.
1. Qu’est-ce qu’une famille de mots ?
Une famille de mots est un ensemble de mots construits à partir d’un même « noyau de sens ».
Ce noyau correspond en général à un radical, que l’on retrouve dans différents mots, même s’ils changent un peu de forme.
- Exemple autour du mot chant :
chant – chanter – chanteur – chanson – chantonner – chantée…
On garde l’idée de chanter, de produire un chant, même si les mots n’ont pas la même catégorie grammaticale (nom, verbe, adjectif…).
On parle souvent de mots dérivés : on ajoute un préfixe (re, dé, pré…), un suffixe (-eur, -ment, -age, -ette…), parfois les deux, à partir d’un mot de base.
- Exemple autour de peindre :
peindre – peinture – peintre – repeindre – peint – repeinture.
Ce qui compte, ce n’est pas seulement la ressemblance des lettres, mais surtout le sens de base qui se conserve. C’est exactement ce que l’on aide l’élève à repérer avec une fiche gamifiée.
2. Ne pas confondre famille de mots et champ lexical
Une confusion revient très souvent chez les élèves (et parfois chez les adultes) : famille de mots / champ lexical.
- La famille de mots est construite autour d’un même radical : mer, marin, maritime, submerger…
- Le champ lexical réunit des mots qui tournent autour d’un même thème, même s’ils n’ont pas le même radical : mer, plage, bateau, vague, poisson, océan…
Les mots plage et bateau appartiennent au champ lexical de la mer, mais pas à la famille du mot mer.
La fiche de jeu permet de matérialiser cette différence, en demandant explicitement à l’élève de vérifier le sens de base et de repérer les transformations du mot (préfixes, suffixes).
3. Pourquoi travailler les mots de la même famille au cycle 3 ?
Travailler les familles de mots ne se limite pas à un objectif de vocabulaire. C’est un levier pour plusieurs domaines :
3.1. Enrichir le vocabulaire actif
En associant un mot connu à plusieurs mots de la même famille, l’élève développe son stock de mots utilisables à l’oral et à l’écrit.
Un élève qui connaît chanter peut apprendre plus facilement chanson, chanteur, chantonner et s’en servir pour nuancer ses phrases.
3.2. Aider l’orthographe et la lecture
La famille de mots sert aussi d’appui orthographique :
- Si l’élève hésite sur chanteur (un t ou deux ?), on peut le renvoyer au mot chanter.
- Pour peintre, on regarde peindre et peinture pour se souvenir du “eint”.
En lecture, ce même réflexe aide à deviner le sens d’un mot nouveau : si l’élève rencontre rafraîchissant et connaît frais et rafraîchir, il peut déduire le sens.
3.3. Structurer la grammaire
Les familles de mots ouvrent naturellement sur la grammaire :
- verbe → nom d’action : lire → lecture
- verbe → nom de personne : peindre → peintre
- verbe → adjectif : chanter → chantant
L’élève comprend peu à peu qu’un même « noyau de sens » peut se décliner en différentes catégories grammaticales.
4. Les difficultés fréquentes chez les élèves
Même avec une bonne fiche, certains pièges reviennent. Les identifier permet d’ajuster l’accompagnement.
4.1. Les faux amis
Deux mots se ressemblent mais ne viennent pas de la même famille :
- heure et heureux
- mer et mère
- bon et bonbon
L’élève se laisse souvent guider par l’orthographe ou la prononciation et oublie le sens.
Une activité “vrai ou faux ?” sur les familles de mots, telle qu’on la trouve sur une fiche de jeu, aide à travailler précisément ce point : on coche, on discute, on corrige.
4.2. Les mots trop éloignés
Certains mots appartiennent effectivement à la même famille, mais les transformations sont plus importantes : voir – vision – visible – prévoir – télévision…
Pour des élèves fragiles, on commence par des familles de mots très transparentes (chant, chanter, chanteur), puis on complexifie progressivement.
5. Une fiche gamifiée pour rendre la notion vivante
La fiche gamifiée transforme l’entraînement en petit parcours de jeu.
On ne “fait pas un exercice”, on réussit des missions.
5.1. Mission 1 : repérer et compléter une famille
La première mission consiste, à partir d’un mot de départ (par exemple chant, lire, jouer, peindre), à proposer plusieurs mots de la même famille.
L’élève doit :
- repérer le radical ;
- inventer ou rappeler 2 ou 3 mots dérivés ;
- vérifier que le sens de base est bien conservé.
Le tableau organisé par lignes (mot de départ / mots de la même famille / points) aide à visualiser et à compter les ⭐.
Pour l’enseignant ou le parent, c’est un support clair pour repérer les familles bien maîtrisées et celles qu’il faut retravailler.
5.2. Mission 2 : le défi chrono
Le défi chrono installe une dimension de challenge bienveillant.
Pendant un temps limité (par exemple 2 minutes), l’élève choisit un mot de départ comme école ou travail et écrit le plus de mots possibles de la même famille : scolaire, scolarité, écolier, parascolaire, etc.
Objectifs pédagogiques :
- automatiser le réflexe “je pars d’un mot, j’en cherche d’autres proches” ;
- renforcer la fluidité lexicale ;
- donner du plaisir à manipuler les mots, sans se focaliser uniquement sur la “bonne réponse”.
L’élève peut ensuite tenter de battre son propre record lors d’une autre séance, ce qui introduit une dynamique de progression personnelle.
5.3. Mission 3 : vrai ou faux ?
La dernière mission propose des binômes du type :
- mot de départ : mer / mot proposé : marin
- mot de départ : chaleur / mot proposé : chaudement
- mot de départ : heureux / mot proposé : heure…
L’élève coche ✅ ou ❌, puis corrige si besoin en proposant un mot de la bonne famille.
Cette mission travaille :
- la distinction famille de mots / ressemblance trompeuse ;
- la précision du vocabulaire ;
- la capacité à justifier : pourquoi heure ne fait pas partie de la même famille que heureux ? Qu’est-ce qui change dans le sens ?
6. Comment utiliser la fiche avec une classe ou à la maison ?
6.1. En classe entière
L’enseignant peut projeter la fiche ou en distribuer une version imprimée :
- On commence par une mission en collectif pour rappeler la notion.
- Les élèves complètent ensuite les tableaux individuellement ou en binômes.
- Une mise en commun permet de valider les mots proposés, de débattre lorsque les élèves ne sont pas d’accord, et de clarifier les cas limites.
Les étoiles peuvent servir de repère de progression : on cumule les ⭐ sur plusieurs séances, on fixe un objectif à la semaine ou à la période.
6.2. En ateliers différenciés
La fiche se prête bien au travail en petits groupes :
- Groupe d’appui : on ne remplit que la mission 1 avec des mots très transparents, en s’aidant d’images ou de gestes.
- Groupe avancé : on ajoute un défi supplémentaire, par exemple écrire une phrase complète avec un mot de la famille, ou inventer un mot “imaginaire” mais plausible (chantouille, pré-lecture…) pour parler de dérivation.
6.3. À la maison, avec un parent
La fiche devient un support de jeu entre parent et enfant :
- Le parent choisit un mot de départ lié à la vie quotidienne (maison, travail, sport) ;
- On cherche des mots de la même famille en situation : dans un livre, sur une affiche, sur une notice…
- On transforme la mission en défi coopératif : parent + enfant contre le chronomètre plutôt que l’un contre l’autre.
7. Quelques prolongements possibles
La fiche gamifiée sur les mots de la même famille peut servir de point de départ à d’autres activités :
- créer une affiche de classe pour chaque grande famille de mots travaillée (une couleur par famille) ;
- inventer une histoire courte où l’élève doit placer un maximum de mots de la même famille ;
- fabriquer un jeu de cartes : d’un côté le mot de base, de l’autre les mots de la même famille ; on joue au mémory ou à la bataille de mots.
En donnant à l’élève ce type d’outils visuels, colorés et ludiques, on installe des automatismes solides : il apprend à reconnaître les mots, à les relier entre eux, à s’en servir pour mieux écrire et mieux comprendre ce qu’il lit.
Conclusion
Les mots de la même famille ne sont pas une petite leçon isolée de vocabulaire ; ce sont des repères qui accompagnent l’élève tout au long de sa scolarité. Une fiche gamifiée bien construite transforme ce thème en terrain de jeu : missions, défis, étoiles et corrections partagées. L’élève s’approprie la notion en manipulant, en testant, en se trompant parfois – mais toujours dans un cadre clair, rassurant et stimulant.
Pour l’enseignant comme pour le parent, c’est une manière simple de rendre visible le fonctionnement de la langue, de donner du sens à l’orthographe et d’offrir aux enfants le plaisir très concret de “jouer avec les mots”… tout en progressant vraiment.




