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Modèle Excel Calculateur Takt time, l’horloge discrète qui règle la vie d’un atelier

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À 6h02, la ligne sort sa première pièce. Au tableau, une bande verte se remplit case après case. « On n’essaie pas d’aller plus vite que le client », glisse Nadia, cheffe d’atelier. « On essaie d’aller au rythme du client. » Ce rythme a un nom simple, parfois mal compris : le takt time.

Ce que mesure vraiment le takt

Le takt time n’est pas une vitesse de machine, ni un objectif arbitraire. C’est le temps maximum disponible pour produire une unité afin de livrer exactement la demande, sans stock inutile.
Formule directe :
Takt = Temps disponible sur la période / Demande effective

Deux précisions changent tout :

  • Temps disponible = temps net (après pauses, briefings, changements d’outils, maintenance planifiée), multiplié par le nombre de shifts et de jours réellement travaillés.
  • Demande effective = demande ajustée par la qualité (FPY – First Pass Yield). Quand 4 % repartent en retouche, il faut 4 % de temps de plus pour livrer juste.

Pourquoi le takt compte

Travailler « plus vite » que le client gonfle les en-cours et masque les problèmes. Travailler « moins vite » crée des retards et du stress. Le takt est un métronome : il aligne les moyens sur la demande, rend visibles les écarts et stabilise le flux.

Calculer… sans se tromper

Un bon calcul tient sur un post-it, mais il exige des données propres.

Ingrédients clés

  • Jours ouvrés et shifts/jour effectivement tenus.
  • Durée de shift en heures, puis déduction des pauses, réunions sécurité/qualité, réglages et maintenance planifiée.
  • Demande du client sur la même période que le temps disponible.
  • FPY au poste goulot, ou à défaut un RTY de la chaîne.

Équations utiles

  • Temps net/shift (min) = Durée shift × 60 + Heures sup − Pauses − Réunions − Maintenance
  • Temps net/jour (min) = Temps net/shift × Shifts/jour
  • Temps disponible (min) = Temps net/jour × Jours
  • Demande effective (u) = Demande / FPY
  • Takt (s/pièce) = (Temps disponible × 60) / Demande effective
  • Débit au takt (pièces/h) = 3600 / Takt

Astuce data : traitez le FPY soit en pourcentage (96 %), soit en décimal (0,96) mais jamais un mix. Attention aussi aux cellules « texte » qui vaut zéro dans Excel.

Du chiffre au terrain : rendre le takt visible

Un nombre ne suffit pas ; il faut qu’il vive là où la valeur se crée.

  • Pitch board ou bandeau horaire : chaque créneau affiche la quantité attendue et produite. Un écart se voit en une seconde.
  • Andon : signal lumineux/sonore si le poste n’a pas atteint la case du pitch. L’andon n’accuse pas ; il appelle à l’aide.
  • Heijunka : lissage de la mixité et des volumes pour éviter les à-coups.
  • Standard Work : séquence, temps cible par geste, encodés au takt.
  • SMED : si les changements d’outil mangent le temps net, on les traite en priorité.
  • Poka-Yoke : sécuriser la première passe pour protéger le FPY… donc le takt.

Les pièges qui font dérailler le métronome

  • Temps brut pris pour du temps net : le takt paraît « doux », la ligne explose quand la vraie vie s’invite.
  • FPY ignoré : la demande « officielle » est servie, le client reste en attente.
  • Goulot mal placé : on calcule à un poste, on pilote à un autre. Le takt doit s’aligner sur le goulot.
  • Changement d’échelle : on calcule à la semaine et on pilote à l’heure, les écarts se diluent. Fixer une granularité de pilotage (15, 30 ou 60 min).
  • Culture de la vitesse : le takt est un rythme, pas une course. On supprime les gaspillages avant de « pousser » la cadence.

Une scène de mise en œuvre

Chez « Delta Usinage », la demande hebdomadaire est de 1000 unités. Deux shifts de huit heures, pauses et rituels retirés, il reste 410 min nets par shift. Sur cinq jours, le temps disponible atteint 24600 min. Le FPY est à 96 % ; la demande effective grimpe donc à 1042 u. Résultat : un takt d’environ 236 s/pc.
Le chef d’équipe grave ce nombre dans la routine : pitch de 30 min, 7 pièces visées par fenêtre, voyant Andon si l’on tombe à 5. Les changements d’outil mangent encore 20 min/jour ; une action SMED gagne 12 min. Le takt ne bouge pas, mais la capacité réelle rejoint enfin la théorie. Et le stress retombe.

Quand le takt rencontre l’Excel

Un tableur ne remplace pas le terrain, mais il sécurise le calcul si l’on respecte quelques règles :

  • Entrées jaunes, sorties vertes. Les opérateurs savent où regarder.
  • Validation : empêcher les valeurs négatives, forcer le pourcentage pour le FPY.
  • Champs « heures » en hh:mm pour éviter les conversions absurdes.
  • Une ligne “hypothèses” explicite ce qui se passe si une donnée manque.
  • Une case “écart au takt” en rouge/vert pour la prise de décision immédiate.

Check-liste minute pour un takt qui tient la route

  • Demande client et période alignées.
  • Temps net calculé, pas simplement le temps de présence.
  • FPY/RTY actuel, mesuré au goulot.
  • Granularité de pilotage choisie et visible au poste.
  • Andon prêt, équipe formée au réflexe d’appel.
  • Plan d’attaque SMED/qualité attaché aux écarts récurrents.
  • Revue quotidienne : on ajuste la capacité, pas le client.

Modèle Excel Calculateur Takt time

Un classeur Excel prêt à l’emploi pour calculer et piloter le takt time même lorsque les entrées sont incomplètes, saisies en texte (ex. “96%”, “1 000”) ou que votre Excel n’est pas en français. L’objectif : obtenir des sorties fiables, sans erreurs (#NOM?, #VALEUR!, #DIV/0!), et utilisables aussitôt sur le terrain.

Ce que fait le modèle

  • Convertit automatiquement toutes les entrées (jours, shifts, heures, pauses, réunions, maintenance, demande, FPY, cycle).
  • Applique des valeurs par défaut si une entrée est vide ou invalide (onglet Options).
  • Calcule en continu les indicateurs clefs :
    TempsNetShift, TempsNetJour, TempsDispoPeriode, DemandeEffective, Takt (s/pièce), Débit (pièces/heure), Pièces/shift, Pièces/jour, Conformité (cycle ≤ takt), Écart au takt, Nombre de postes requis, Charge (%).
  • Reste robuste aux formats locaux (virgule/point, %), grâce à des formules anglaises internes (compatibles toutes langues) et à des garde-fous IFERROR().

Contenu du fichier

  • Feuille “Takt_Time”
    • Entrées en jaune (B4:B13) :
      Jours, ShiftsParJour, DureeShiftHeures, HeuresSup, MinutesPauses, MinutesReunions, MinutesMaintenance, Demande, FPY, CycleActuel.
    • Sorties en vert (bloc indicateurs) : résultats calculés en temps réel.
    • Colonne d’aide masquée (E) avec des noms définis (DaysN, ShiftsN, …) qui normalisent les entrées (VALUE() + IFERROR()).
  • Feuille “Options”
    • Paramètres par défaut (modifiables) utilisés si une entrée est vide/incorrecte : jours, shifts/jour, durée de shift, pauses, demande, FPY=1 par défaut, etc.

Pourquoi il est “locale-safe”

Les formules sont écrites en anglais (IF, OR, ROUNDUP, SUM, VALUE, IFERROR) — c’est le format interne d’Excel. Résultat : le classeur calcule correctement quel que soit le paramétrage de langue, et accepte 0,96, 0.96 ou 96% pour le FPY.

Mode d’emploi express

  • Ouvrez Takt_Time et remplacez les entrées jaunes par vos données (période, demande, FPY, cycle goulot).
  • Si vous n’avez pas encore une valeur fiable, laissez vide : le modèle basculera sur l’hypothèse par défaut (onglet Options), de sorte que les sorties restent numériques.
  • Lisez le takt et la conformité : si cycle ≤ taktOK, sinon À améliorer.
  • Ajustez les défauts dans Options pour coller à votre contexte (ex. semaine = 5 jours, shift = 8 h, etc.).

Bonnes pratiques incluses

  • Résultats jamais vides : les cellules retournent 0 plutôt que des erreurs — le tableau de bord reste exploitable.
  • Tolérance aux saisies en texte et aux espaces cachés.
  • Compatibilité sans macro, fichier .xlsx standard.

Limites à garder en tête

Le takt reste un rythme client : il suppose un temps net réaliste (pauses, réunions, maintenance déduites) et un FPY actuel au poste goulot. Si ces données sont éloignées du terrain, les chiffres seront logiquement optimistes.

L’essentiel à retenir

Le takt time n’est ni un idéal théorique ni un couperet. C’est l’horloge partagée entre le client et l’atelier, celle qui transforme la performance en conversation simple : « Sommes-nous au bon rythme, ici et maintenant ? » Tant que la réponse tient en un coup d’œil, le système est sain. Le reste n’est que réglage — et c’est précisément là que le Lean excelle.

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