Liste de Figures de style : Fiche mémo pour lire et écrire autrement
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La langue française joue, suggère, exagère, adoucit, oppose. C’est précisément le rôle des figures de style. Dans un texte littéraire, un discours ou même une simple publicité, elles transforment une phrase ordinaire en formule qui marque l’esprit. Comprendre ces procédés, c’est apprendre à lire autrement… et à écrire plus fort.
Cet article reprend les principales figures de style de la fiche mémo, en les organisant comme un petit guide de lecture et d’écriture, utile pour les élèves comme pour les enseignants.
1. À quoi servent les figures de style ?
Une figure de style n’est pas un “effet gratuit”. Elle répond presque toujours à un besoin précis :
- Renforcer une idée : insister, amplifier, dramatiser.
- Créer une image : faire voir, faire sentir, frapper l’imagination.
- Exprimer une émotion : colère, tristesse, admiration, ironie…
- Rendre un texte mémorable : une phrase bien tournée se retient mieux.
- Orienter la lecture : mettre en avant un mot, une idée, un contraste.
Lorsqu’un élève apprend à repérer les figures de style, il ne se contente plus de “lire l’histoire” :
il commence à comprendre comment l’auteur construit un effet sur le lecteur.
2. Les figures d’analogie : comparer, assimiler, personnifier
2.1. Comparaison
La comparaison rapproche deux éléments grâce à un outil comparatif :
comme, tel, pareil à, ainsi que, plus… que, moins… que…
Tes yeux brillent comme des étoiles.
Effet : l’image est claire, l’outil comparatif rend la lecture facile. C’est souvent la première figure utilisée par les élèves, mais elle reste très efficace.
2.2. Métaphore
La métaphore va plus loin que la comparaison : elle assimile directement deux éléments, sans outil comparatif.
Tes yeux sont des étoiles.
Effet : l’image est plus forte, plus poétique. La métaphore peut être courte, comme ici, ou filée tout au long d’un texte.
2.3. Personnification
La personnification donne des attributs humains à un objet, un animal ou une idée.
La ville s’éveille et bâille au soleil.
Effet : le décor devient un personnage à part entière. C’est une figure très fréquente dans les descriptions de paysages ou de villes.
2.4. Allégorie
L’allégorie va encore plus loin : elle représente une idée abstraite sous forme de personnage ou d’image concrète.
La Justice représentée comme une femme aux yeux bandés, tenant une balance.
Effet : l’idée devient visible, presque palpable. On la rencontre dans les fables, les tableaux, les emblèmes, les allégories politiques ou morales.
3. Les figures qui jouent sur l’intensité : exagérer, atténuer, suggérer
3.1. Hyperbole
L’hyperbole exagère volontairement la réalité.
Je t’ai répété cela mille fois.
Effet : elle renforce une émotion (colère, agacement, admiration…). On la retrouve dans le langage courant, les publicités, le théâtre.
3.2. Litote
La litote suggère plus que ce qu’elle dit, souvent au moyen d’une négation.
Ce n’est pas mauvais. (sous-entendu : c’est bon, voire très bon.)
Effet : c’est une figure de retenue, de nuance, parfois d’élégance. Elle laisse au lecteur le soin de “compléter” le sens.
3.3. Euphémisme
L’euphémisme adoucit une réalité jugée trop brutale ou choquante.
Il nous a quittés. (pour dire : il est mort.)
Effet : on protège la sensibilité du destinataire, on atténue une violence, un tabou, une réalité difficile (maladie, mort, échec).
4. Les figures de l’opposition et du contraste
4.1. Antithèse
L’antithèse met en regard deux idées ou deux termes opposés dans une même phrase.
Je sens la joie et la tristesse mêlées.
Effet : elle souligne une tension, un conflit, un paradoxe. Elle sert à faire ressortir la complexité d’une situation.
4.2. Oxymore
L’oxymore rapproche deux mots de sens contraire dans un même groupe de mots.
Cette obscure clarté tombe des étoiles.
Effet : il crée une image surprenante, souvent poétique. L’oxymore oblige le lecteur à s’arrêter, à réfléchir à cette alliance étrange des contraires.
5. Les figures de répétition : insister, rythmer, structurer
5.1. Anaphore
L’anaphore répète un même mot ou groupe de mots en début de phrase, de vers ou de paragraphe.
J’accuse… J’accuse… J’accuse…
Effet : elle martèle un message, lui donne force et rythme. Elle est très utilisée dans les discours politiques, les plaidoyers, les textes engagés.
5.2. Énumération et gradation
L’énumération aligne plusieurs termes de même nature :
Il emporte valises, sacs, cartons, caisses.
La gradation ordonne cette énumération selon une progression :
Il chuchote, parle, crie, hurle.
Effet : le rythme s’accélère, l’impression de mouvement ou de montée en intensité est très nette. C’est une figure simple à repérer et très utile pour dynamiser une description.
6. Les figures de substitution : dire autrement
6.1. Métonymie
La métonymie remplace un mot par un autre avec lequel il entretient un lien logique (contenu/contenant, auteur/œuvre, lieu/activité…).
Boire un verre (pour : le contenu du verre).
Lire un Zola (pour : un roman écrit par Zola).
Effet : le langage devient plus vivant, plus imagé, plus rapide.
6.2. Synecdoque
La synecdoque est un cas particulier de métonymie : on désigne la partie pour le tout ou le tout pour la partie.
Une voile à l’horizon. (pour : un bateau)
La France a gagné. (pour : l’équipe de France).
Effet : elle condense l’expression, donne une portée plus large ou plus symbolique au propos.
7. Comment aider les élèves à les repérer ?
Face à un texte, beaucoup d’élèves se sentent perdus : ils ont l’impression que “le prof voit des choses invisibles”. La fiche “La règle-clé : une liste énumérée de figures de style” permet de rendre ces outils visibles et concrets.
Quelques pistes de travail :
- Colorier les figures
- Associer une couleur à chaque grande famille :
- bleu pour comparaison/métaphore,
- vert pour répétitions (anaphore, énumération),
- rouge pour opposition (antithèse, oxymore)…
- Les élèves surlignent dans le texte et écrivent en marge : C = comparaison, M = métaphore, H = hyperbole, etc.
- Associer une couleur à chaque grande famille :
- Construire un lexique personnel
- Dans le cahier, une double page “Figures de style” :
- colonne 1 : nom de la figure
- colonne 2 : définition courte
- colonne 3 : exemple de l’auteur étudié
- colonne 4 : exemple inventé par l’élève
- La fiche mémo Word, avec les noms en couleurs, peut servir de support à ce lexique.
- Dans le cahier, une double page “Figures de style” :
- Passer de la lecture à l’écriture
- Proposer des consignes du type :
- “Réécris cette phrase en utilisant une métaphore.”
- “Ajoute une hyperbole pour montrer la colère du personnage.”
- “Introduis une antithèse pour rendre le contraste plus net.”
- L’élève apprend ainsi à utiliser les figures, pas seulement à les reconnaître.
- Proposer des consignes du type :
8. Figures de style et commentaire de texte
Dans un commentaire ou une analyse, les figures de style ne se citent pas pour elles-mêmes. Il est toujours utile de se poser deux questions :
- Quelle figure ?
→ comparaison, métaphore, hyperbole, etc. - Quel effet sur le lecteur ?
→ image précise, dramatisation, mise en valeur d’un contraste, atténuation, ironie…
Par exemple, ne pas se contenter de :
L’auteur utilise une métaphore.
Mais aller vers :
L’auteur utilise une métaphore (“Ses yeux sont des étoiles”) pour magnifier le regard du personnage et traduire l’admiration du narrateur.
C’est ce passage de la simple identification à l’interprétation qui fait la différence dans les copies.

Les figures de style ne sont pas un catalogue à réciter avant le contrôle : ce sont des outils concrets pour comprendre la manière dont un texte agit sur nous. Une fiche mémo claire, une liste énumérée colorée et quelques exercices guidés suffisent pour installer les réflexes essentiels :
- repérer la figure,
- la nommer,
- en expliquer l’effet.
À partir de là, la lecture littéraire gagne en finesse, et l’écriture trouve peu à peu sa couleur et sa voix propres.



