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FICHE – Parallélisme : la figure de style qui éclaire, cadence et persuade

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Le parallélisme consiste à reprendre une même structure grammaticale dans plusieurs segments successifs. On aligne les catégories (nom, verbe, complément), on conserve l’ordre des éléments et on garde des longueurs proches. Cette symétrie crée un effet de clarté et de rythme : le lecteur comprend plus vite, l’auditeur mémorise mieux. On peut le résumer par un schéma simple : A • B // A’ • B’. Dès que deux propositions reprennent la même ossature — « sujet + verbe + complément » puis à nouveau « sujet + verbe + complément » —, on est en présence d’un parallélisme.

Indices de repérage

On reconnait le parallélisme lorsque des patrons syntaxiques se répètent à l’identique. Les infinitifs coordonnés offrent un signal net (« analyser pour décider, comparer pour choisir »), tout comme les séries nominales équilibrées (« des outils simples, des méthodes solides »). Certains déclencheurs sont presque mécaniques : les couples « ni… ni… », « soit… soit… », « d’abord… puis… enfin » appellent souvent des segments de même famille grammaticale. La longueur visuelle et rythmique compte : deux membres d’énoncé d’ampleur comparable sonnent parallèles, tandis qu’un déséquilibre trop marqué casse l’effet.

Effets rhétoriques

Le parallélisme rend l’argumentation plus lisible et l’énoncé plus mémorable. Il permet de marteler une idée sans lourdeur, de mettre en balance deux positions, de souligner une progression ou d’installer une cadence oratoire. Dans un discours public, il renforce l’adhésion en créant des attentes régulières que la phrase vient satisfaire. Dans un article explicatif, il clarifie les distinctions et les comparaisons. Employé avec mesure, il donne de l’élan à la phrase sans la surcharger.

À ne pas confondre

Le parallélisme s’apparente à d’autres procédés, mais il s’en distingue. L’anaphore répète un mot en tête de segments ; elle peut cohabiter avec un parallélisme, mais son critère décisif est la reprise lexicale initiale. Le chiasme inverse l’ordre des éléments (A • B // B’ • A’) pour produire un miroir, alors que le parallélisme garde le même ordre. La gradation joue sur la montée ou la descente d’intensité ; elle peut s’appuyer sur un parallélisme, mais son enjeu est l’accroissement, non la symétrie. Le bon test consiste à décrire la charpente grammaticale de chaque membre : si l’ossature reste la même, on est bien dans le parallélisme.

Exemples commentés

« Comprendre pour décider, analyser pour agir » aligne deux infinitifs suivis d’un complément de but ; la structure répétée met en valeur la logique « réflexion → action ». « Ni les délais, ni les coûts ne l’arrêtent » juxtapose deux groupes nominaux gouvernés par la même négation corrélative ; l’effet est de fermer la porte à deux objections courantes. « Voir plus loin, faire mieux » exploite un binaire d’infinitifs, bref et cadencé ; la concision renforce le caractère programmatique du message. Dans chaque cas, la force tient moins aux mots isolés qu’à la régularité de la charpente.

Méthode d’analyse en contexte

Pour analyser un passage, on commence par souligner les segments qui semblent “se répondre”. On identifie la nature grammaticale dominante (infinitifs, propositions conjuguées, groupes nominaux), puis on vérifie l’ordre des éléments et la présence éventuelle de connecteurs jumeaux. On évalue ensuite la fonction : clarification d’une opposition, mise en série d’actions, promesse rythmée, slogan mémorisable. Enfin, on mesure le coût éventuel : la recherche de la symétrie a-t-elle simplifié à l’excès une réalité plus nuancée ?

Réécriture : fabriquer un parallélisme efficace

La réécriture s’appuie sur trois gestes. D’abord, uniformiser les catégories : si l’on commence une liste par un infinitif, on poursuit avec des infinitifs ; si l’on ouvre par des adjectifs, on maintient des adjectifs. Ensuite, harmoniser la longueur pour éviter un membre disproportionné qui briserait la cadence. Enfin, choisir des verbes et des noms de même registre pour ne pas mélanger un terme technique avec un terme familier. Une phrase comme « planifier, organiser, livrer » gagne en impact par sa simplicité, tandis que « planifier, l’organisation et livrer » perd la régularité qui fait tout l’effet du procédé.

Domaines d’usage et précautions

La figure fonctionne aussi bien dans l’oralité (prise de parole, pitch, plaidoyer) que dans l’écrit (article, consignes, synthèse). Elle a sa place en publicité et en communication, où la cadence facilite la mémorisation, mais aussi dans la rédaction scolaire ou académique, où elle clarifie des oppositions conceptuelles. La précaution principale tient à la saturation : une successions de parallélismes finit par uniformiser le style. Mieux vaut les réserver aux moments structurants — définition, contraste clé, conclusion — et laisser respirer le reste du texte.

Atelier rapide d’appropriation

Un bon exercice consiste à transformer un énoncé neutre en énoncé parallèle. À partir de « Il analyse les chiffres et il corrige », on obtient « Analyser les chiffres, corriger les écarts » : les deux membres passent à l’infinitif et s’équilibrent. À partir de « Elle prépare la salle ; l’atelier commence », on fabrique « Préparer la salle, préparer l’atelier » : la répétition du verbe assure la symétrie, la virgule règle le tempo. En relisant à voix haute, on vérifie que les deux segments portent la même courbe mélodique : si la respiration est comparable, la structure est probablement en place.

FICHE — Parallélisme (Figure de style)

Le document est au format A4, portrait, avec des marges resserrées et une mise en page claire. Le titre est centré en gros corps (“FICHE — Parallélisme”), suivi d’un sous-titre qui annonce le contenu (définition, repérage, effets, exemples, exercices, barème et corrigés). La fiche utilise des tableaux à bordures fines et de légers aplats (bleu clair pour l’information, jaune pâle pour les encadrés “repères/effets”) afin de guider le regard sans surcharger.

Page 1 — Contenu “apprenant”

La page s’ouvre sur un cartouche d’identification (tableau 2×5) pour renseigner nom, groupe, date, durée et objectif. Vient ensuite un encadré “Définition” qui pose la règle : le parallélisme comme reprise d’une même structure syntaxique ou rythmique (schéma A•B // A’•B’). Un tableau bicolonne “À repérer / Effets recherchés” précise, d’un côté, les indices (patron répété, longueurs proches, connecteurs parallèles, listes de même nature) et, de l’autre, les effets attendus (mise en relief, clarté, mise en balance, cadence oratoire).

Une section “À ne pas confondre” distingue le parallélisme de l’anaphore (répétition initiale), du chiasme (ordre inversé) et de la gradation (montée/descente d’intensité) avec, pour chacun, une définition brève et un test rapide. Puis un tableau d’exemples commentés illustre la figure :
– « Nous voulons comprendre, nous voulons agir. » (même ossature sujet + verbe) ;
– « Ni les délais, ni les coûts ne l’arrêtent. » (structure parallèle corrélative) ;
– « Voir plus loin, faire mieux. » (binaire d’infinitifs, cadence oratoire).

La partie exercices propose quatre volets progressifs : un repérage (phrases à cocher et justifier), une réécriture pour installer un parallélisme correct, une correction stylistique (uniformiser les catégories : infinitifs/adjectifs), puis une production brève (2–3 lignes avec rythme binaire/ternaire). Un barème indicatif clôt la page (Repérage /6, Réécriture /6, Correction /4, Production /2, total /20) avec une ligne d’auto-évaluation (“je sais repérer / réécrire / j’ai besoin de renforcer”). Le pied de page est sobrement brandé.

Page 2 — Corrigés et pistes

La seconde page porte l’en-tête “Corrigés — Parallélisme (Figure de style)”. Elle fournit des suggestions de réponses pour le repérage, des pistes de réécriture acceptables (par ex. « Analyser les chiffres, corriger les écarts. »), des solutions modèles pour la correction stylistique (“planifier, organiser, livrer” ; “efficace, précis, clair”), et une grille de lecture pour évaluer la production finale (présence nette d’une structure répétée, correction de la langue, lisibilité).

Usage recommandé

La fiche fonctionne en 15–25 minutes : définition minute, repérage guidé, réécriture, mini-production, puis correction rapide à chaud à l’aide de la page 2. Elle convient à une séance autonome, à un atelier d’expression, ou comme support d’évaluation formative.

Exemples prêts à l’emploi

  1. Comprendre pour décider, analyser pour agir.
  2. Voir plus loin, faire mieux.
  3. Nous voulons clarifier, nous voulons simplifier, nous voulons unifier.
  4. Ni les délais, ni les coûts ne l’arrêtent.
  5. D’abord définir les besoins, puis comparer les options, enfin choisir la solution.
  6. Apprendre à chercher, apprendre à douter, apprendre à conclure.
  7. Lire pour comprendre, écrire pour clarifier.
  8. Préparer la salle, organiser les équipes, lancer l’atelier.
  9. Clair dans l’intention, net dans les mots, précis dans les chiffres.
  10. Non pas pour imposer, mais pour proposer ; non pas pour juger, mais pour comprendre.
  11. Il faut de la méthode au départ, du courage en chemin, de la rigueur à la fin.
  12. Quand la nuit se retire, quand la ville s’éveille, quand la route s’ouvre, nous partons.
  13. Plus on compare, plus on choisit juste.
  14. Parce que les faits comptent, parce que la preuve s’impose, parce que la clarté convainc.
  15. Promettre moins, tenir plus.
  16. Mesurer, améliorer, recommencer.

Couples « version bancale → version parallèle »

  • planifier, l’organisation et livrerplanifier, organiser, livrer
  • efficace, précision et clairefficace, précis, clair
  • il explique, puis démonstration des chiffresil explique, puis il démontre
  • rapide, avec attention et soigneusementrapidement, attentivement, soigneusement

Mini-paragraphes (parallélismes intégrés)

  • Nous n’accusons pas, nous analysons ; nous n’affirmons pas, nous démontrons. Chaque affirmation appelle sa preuve, chaque doute appelle sa vérification.
  • Rester calmes, rester clairs, rester cohérents : c’est le fil conducteur de notre méthode ; décrire les faits, poser la question, proposer l’action, c’est notre cadence.

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