Fiche de non-conformité à la réception : modèle Word + procédure
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Lorsqu’un camion arrive sur le quai, la tentation est grande de “faire vite” : on signe le bon de livraison, on range les palettes et on passe à la suite. Pourtant, c’est précisément à ce moment-là que se jouent la qualité des stocks, la sécurité des utilisateurs et parfois même la rentabilité d’un chantier ou d’une production.
La fiche de non-conformité à la réception sert à garder une trace claire de tout ce qui n’est pas conforme à la commande : quantités, références, dates, état des emballages, conditions de transport… Avec un modèle Word prêt à remplir, ce travail devient simple, structuré, et surtout reproductible.
Une fiche qui structure la réception, au lieu de la ralentir
Dans beaucoup d’établissements, la réception des marchandises se fait « comme on peut » : un coup d’œil rapide au bon de livraison, quelques cartons ouverts à la volée, des températures notées sur un coin de papier ou, pire, simplement mémorisées. Tant que tout va bien, cette méthode paraît suffisante. Mais au premier lot douteux, au premier contrôle sanitaire ou au premier client qui signale un problème, on se rend compte qu’il manque l’essentiel : une trace claire, datée, argumentée.
La fiche de contrôle change la scène sans alourdir le travail. Elle ne rajoute pas des tâches abstraites ; elle met de l’ordre dans ce qui se fait déjà. Au lieu de vérifier les produits de manière informelle, on suit une trame : qui livre quoi, à quelle heure, à quelle température, dans quel état. Le temps passé est quasiment identique, mais le résultat est très différent : la réception devient un moment structuré, traçable, exploitable.

De la livraison au classeur : le parcours d’une fiche
Concrètement, la fiche accompagne la livraison du début à la fin. Dès l’arrivée du camion, le réceptionniste renseigne les premières lignes : date, heure, fournisseur, type de marchandises. Au fur et à mesure que les cartons sont ouverts, il note les références, les numéros de lot, les DLC, les températures relevées. Chaque geste technique (ouvrir un carton, mesurer un produit, vérifier une étiquette) trouve une place sur le document.
Une fois les produits rangés en chambre froide, en réserve ou en surgélation, la fiche ne part pas à la corbeille. Elle rejoint un classeur de réception ou un dossier numérique. Quelques mois plus tard, en cas de contrôle officiel, d’alerte sanitaire ou de rappel fournisseur, ce classeur devient une ressource précieuse : on remonte en quelques minutes au jour de la livraison, au lot concerné, à la décision prise. La fiche n’est plus un papier de plus, mais un repère dans l’histoire de l’établissement.
Un outil de dialogue entre la cuisine, la salle et la direction
Une fiche de réception bien pensée joue aussi un rôle de langage commun. La cuisine y trouve les informations dont elle a besoin pour organiser la production : lots, DLC, éventuelles réserves sur certains produits. La direction ou le responsable HACCP y lisent l’état réel des relations avec les fournisseurs : ponctualité des livraisons, qualité des produits, fréquence des anomalies. Même le personnel de salle peut y puiser des arguments en cas de question de la clientèle sur la fraîcheur ou l’origine de certains ingrédients.
⬇️⬇️⬇️⬇️ La pratique


1. Qu’est-ce qu’une non-conformité à la réception ?
On parle de non-conformité à la réception dès qu’un élément important ne correspond pas à ce qui a été commandé ou aux exigences de l’entreprise :
- quantité reçue différente de la quantité commandée ;
- mauvaise référence, mauvais modèle, mauvaise qualité ;
- colis ou palettes abîmés, produits cassés, fuite, emballage déchiré ;
- dates de péremption trop courtes, erreur de lot, étiquettes manquantes ;
- non-respect des conditions de transport (produit sous température dirigée, propreté du véhicule, manutention inadaptée) ;
- retard de livraison impactant la production ou un chantier.
En apparence, ce n’est “qu’un incident de livraison”. En réalité, une non-conformité mal gérée peut entraîner :
- des arrêts de production,
- des rebuts coûteux,
- des risques sanitaires ou de sécurité,
- une perte de confiance des clients finaux,
- une dégradation de la relation fournisseur.
D’où l’intérêt d’un outil simple, visuel et structuré : la fiche de non-conformité à la réception.
2. Pourquoi utiliser une fiche de non-conformité à la réception ?
La fiche de non-conformité joue plusieurs rôles simultanément :
2.1. Un support de traçabilité
Elle relie, sur une seule page :
- la commande (numéro, date, fournisseur),
- le bon de livraison,
- les articles concernés (références, quantités, lots),
- les constats faits à l’arrivée (casse, manquant, erreur de référence, problème de date ou de température),
- les décisions prises (acceptation partielle, refus, retour, mise au rebut, dérogation).
En cas de litige, ce document devient une preuve utile pour dialoguer avec le fournisseur, l’assureur ou les services internes (qualité, comptabilité, production).
2.2. Un outil de communication interne
La fiche évite les malentendus du type : “on m’a dit oralement que la palette était abîmée, mais je n’ai rien trouvé dans le dossier…”.
Elle permet :
- au magasin d’informer clairement la qualité et les achats ;
- aux achats de formaliser la réclamation auprès du fournisseur ;
- à la production ou au service utilisateur de savoir si la marchandise est utilisable, en quarantaine ou refusée.
2.3. Un levier d’amélioration continue
En archivant les fiches et en les analysant, l’entreprise peut :
- identifier les fournisseurs les plus fiables et ceux qui posent problème ;
- repérer les articles “à risque” (références souvent cassées, erreurs fréquentes) ;
- mettre en place des actions préventives (renforcer le contrôle, adapter l’emballage, modifier les conditions de transport, faire évoluer le contrat).
Sans fiche, les incidents restent des “petites histoires” sans suite. Avec une fiche, ils deviennent des informations exploitables.
3. Que doit contenir une fiche de non-conformité à la réception ?
Le modèle Word que vous avez entre vos mains structure la fiche en rubriques simples, faciles à compléter au quai de réception.
3.1. L’en-tête : qui, quoi, quand ?
On y retrouve :
- le nom de l’entreprise et éventuellement le site ou l’entrepôt ;
- la référence de la fiche (numérotation interne) ;
- la date d’émission ;
- le fournisseur, le transporteur, le numéro de commande et de bon de livraison ;
- la date et l’heure de réception ;
- le nom du réceptionnaire et son service.
Cet en-tête permet de replacer la non-conformité dans son contexte : on sait exactement à quelle opération de réception elle se rattache.
3.2. La description de la non-conformité
Une section dédiée à l’objet de la non-conformité permet de cocher rapidement le ou les problèmes rencontrés :
- quantité manquante / en surplus ;
- produit endommagé, emballage détérioré ;
- référence non conforme à la commande ;
- problème de lot, de date, d’étiquetage ;
- non-respect des conditions de transport ;
- retard de livraison ;
- autre anomalie à décrire.
Un champ “contexte / remarque générale” permet de préciser l’incident : colis tombé, palette mal filmée, contrôle température non conforme, erreur de chargement, etc.
3.3. Le tableau des articles concernés
C’est le cœur technique de la fiche : un tableau où l’on renseigne, ligne par ligne :
- la référence article et la désignation,
- la quantité commandée et la quantité reçue,
- la quantité conforme et la quantité non conforme,
- le numéro de lot ou de série,
- les observations (casse, défaut visuel, manquant, erreur de couleur ou de taille…).
Ce tableau évite les approximations (“il y avait quelques cartons abîmés…”) et transforme le constat en données exploitables.
3.4. Les constats et pièces jointes
Pour consolider la preuve, la fiche prévoit :
- une zone pour décrire les constats détaillés (aspect visuel, casse, température mesurée, odeur anormale, fuite, etc.) ;
- une case pour indiquer si des photos ont été prises et où elles sont enregistrées ;
- une mention d’éventuels échantillons conservés ;
- la zone de quarantaine ou l’emplacement physique où sont stockés les produits non conformes.
Cette partie est très utile dans les secteurs sensibles (agroalimentaire, pharmacie, cosmétique, chimie, maintenance) et en cas d’audit.
3.5. La décision immédiate
La fiche doit faire apparaître clairement ce qui a été décidé :
- refus total de la livraison ;
- acceptation partielle (seules les lignes conformes sont réceptionnées) ;
- acceptation sous réserve ou dérogation qualité ;
- retour fournisseur ;
- mise au rebut / destruction ;
- tri, reconditionnement ou autre action sur place.
La décision est signée par un responsable (magasin, logistique, production, qualité), ce qui engage l’entreprise et clarifie les responsabilités.
3.6. Les actions correctives et préventives
Une partie “AC / AP” (actions correctives / préventives) permet de :
- décrire le traitement immédiat du lot non conforme ;
- nommer un responsable et un délai ;
- proposer des pistes pour éviter la récidive (améliorer l’emballage, préciser le cahier des charges, renforcer les contrôles, revoir le transporteur…).
Enfin, la fiche se termine par une zone de validation et de clôture, signée notamment par le service qualité et le responsable de la réception.
4. Comment intégrer la fiche dans la procédure de réception ?
La fiche de non-conformité n’a de sens que si elle est intégrée dans une procédure de réception claire, connue de tous.
4.1. Déclencher la fiche dès qu’un doute existe
La règle peut être simple :
“Dès qu’un produit ne semble pas conforme à ce qui a été commandé ou aux exigences internes, on met le lot en quarantaine et on ouvre une fiche de non-conformité.”
Cela évite que certains réceptionnaires “laissent passer” des anomalies pour gagner du temps. Mieux vaut une fiche de non-conformité de trop qu’un produit douteux intégré au stock.
4.2. Séparer physiquement les produits non conformes
La procédure doit rappeler que :
- les produits non conformes doivent être isolés en zone de quarantaine ;
- ils ne doivent pas être mélangés avec les stocks disponibles ;
- leur emplacement doit être clairement indiqué sur la fiche.
Cette discipline évite les erreurs ultérieures (préparation de commande avec un lot douteux, utilisation en production d’un produit non validé, etc.).
4.3. Informer rapidement achats et qualité
La fiche sert de support pour informer :
- le service achats, qui gére la réclamation fournisseur, le retour, l’avoir ou le remplacement ;
- le service qualité, qui analyse la gravité et la fréquence des incidents.
Plus l’information circule vite, plus il est facile de régler le problème (un transporteur qui est encore sur place, un fournisseur qui peut relivrer rapidement…).
4.4. Archiver et suivre les non-conformités
L’idéal est de :
- numéroter les fiches,
- les archiver avec la commande, le bon de livraison et la facture,
- saisir les informations clés dans un tableau de suivi ou un ERP.
On peut ensuite suivre des indicateurs simples :
- nombre de non-conformités à la réception par mois ;
- fournisseurs les plus concernés ;
- typologie des problèmes (casse, date, erreur de référence, etc.) ;
- délai moyen de traitement.
5. Conseils pour utiliser le modèle Word au quotidien
Avec un modèle Word prêt à l’emploi, la mise en place est rapide. Quelques bonnes pratiques permettent de le rendre vraiment opérationnel :
- Personnaliser l’en-tête avec le logo, le nom du site, éventuellement un code couleur (Qualité / Logistique).
- Prévoir une version imprimable à disposition au quai de réception, dans un porte-documents ou un classeur.
- Créer une version numérique à remplir directement sur PC ou tablette (formulaire Word, PDF remplissable ou saisie dans l’ERP à partir de la même structure).
- Former les réceptionnaires : leur expliquer quand ouvrir une fiche, comment la remplir, à qui l’envoyer et où déposer les produits non conformes.
- Montrer aux équipes que la fiche n’est pas “un papier en plus”, mais un réflexe de protection : protection de l’entreprise, des clients, et du travail de chacun.
6. Conclusion : transformer les incidents de réception en levier de maîtrise
La non-conformité à la réception fait partie de la vie d’une entreprise : aucun flux logistique n’est parfait. La différence se joue dans la manière de gérer ces écarts.
En dotant le quai de réception d’une fiche de non-conformité claire, visuelle et facile à compléter, et en l’intégrant à une procédure structurée, l’entreprise :
- protège ses stocks et ses clients,
- sécurise ses relations avec les fournisseurs,
- alimente sa démarche qualité en données concrètes,
- installe des réflexes professionnels chez les réceptionnaires.
Le modèle Word de fiche de non-conformité à la réception devient alors bien plus qu’un simple document : c’est un outil quotidien pour rendre les réceptions de marchandises plus fiables, plus traçables et plus maîtrisées.






