Analyse des Risques Informatiques : Exemples Concrets et Fiche Méthode
L’analyse des risques informatiques, c’est un peu comme le pare-feu de la gestion IT : indispensable, souvent ignorée… jusqu’au crash. Que vous soyez DSI d’un grand groupe ou tech lead dans une startup, ignorer les risques IT, c’est comme coder sans sauvegarder : vous pouvez, mais il ne faut pas.
Dans cet article, on vous propose une immersion dans la pratique de l’analyse des risques : on décortique les menaces les plus fréquentes, on illustre avec des exemples bien sentis, et on termine avec une fiche méthode pragmatique, prête à déployer dans vos environnements.
⚠️ Pourquoi analyser les risques informatiques ?
Les systèmes d’information sont les nerfs de la guerre numérique. Un incident non anticipé peut impacter :
- La confidentialité (ex. : fuite de données clients)
- L’intégrité (ex. : altération des bases de données)
- La disponibilité (ex. : serveur down pendant le Black Friday)
Mais surtout, une analyse rigoureuse permet de prioriser les menaces et de mettre en place des contre-mesures proportionnées.
Exemples Concrets de Risques IT
1. Phishing ciblé (spear phishing)
Contexte : Une responsable RH reçoit un mail semblant venir du DG avec une demande urgente de virement.
Risque : Perte financière directe.
Impact : Elevé.
Probabilité : Fréquente dans les PME.
Contre-mesure : MFA, sensibilisation, validation manuelle des virements.
2. Ransomware sur serveur de fichiers
Contexte : Un employé clique sur une pièce jointe infectée, chiffrant les fichiers partagés.
Risque : Perte de données, arrêt de production.
Impact : Catastrophique.
Probabilité : Moyenne à élevée.
Contre-mesure : Segmentation réseau, sauvegardes hors ligne, EDR avancé.
3. Défaillance matérielle non redondée
Contexte : Un NAS grille sans RAID ni backup.
Risque : Perte de données critiques.
Impact : Elevé.
Probabilité : Faible mais évitable.
Contre-mesure : Politique de redondance, supervision hardware, plan de continuité.
4. Faille applicative dans un code déployé en prod
Contexte : Une API expose par erreur des données sensibles faute de contrôle d’accès.
Risque : Atteinte à la vie privée, sanctions RGPD.
Impact : Elevé.
Probabilité : Courante sans code review.
Contre-mesure : DevSecOps, tests automatisés, revue de code.
Fiche Méthode : Analyser les Risques IT
Étape 1 : Identification des actifs critiques
- Données clients, ERP, serveurs de production, etc.
- Cartographier l’infrastructure (outils : CMDB, nmap, Zabbix…)
Étape 2 : Identification des menaces
- Sources internes (employé négligent ou malveillant)
- Sources externes (cyberattaques, catastrophes naturelles)
- Vulnérabilités techniques (failles logicielles, obsolescence)
Étape 3 : Évaluation du risque
Formule :Risque = Probabilité x Impact
Utiliser une échelle (1 à 5) pour objectiver l’analyse. Exemple :
Risque | Probabilité | Impact | Score | Niveau |
---|---|---|---|---|
Ransomware | 4 | 5 | 20 | Critique |
Défaillance matériel | 2 | 4 | 8 | Modéré |
Étape 4 : Traitement du risque
4 options :
- Réduire (mitigation technique)
- Transférer (assurance)
- Accepter (risque résiduel faible)
- Éliminer (changer de système ou de process)
Étape 5 : Documentation & Suivi
- Tenir un registre des risques
- Mettre à jour après chaque incident, audit, ou évolution du SI
- Outil recommandé : Excel, Airtable, ou GRC (type Risk Ledger, ServiceNow)
🟣 L’analyse des risques IT n’est pas un one-shot, c’est un process itératif. Dans un monde où la moindre brèche peut coûter des millions ou ruiner une réputation en quelques heures, rester passif n’est plus une option.
Mettez vos systèmes à l’épreuve, avant qu’un attaquant ne le fasse pour vous. Parce qu’en cybersécurité, mieux vaut prévenir que patcher.

Exemple d’application concrète
Contexte : PME de e-commerce avec un effectif de 25 personnes, hébergeant son site web et ses bases clients sur un serveur mutualisé.
Actif concerné | Menace identifiée | Probabilité | Impact | Score | Traitement prévu |
---|---|---|---|---|---|
Base clients | Fuite de données (phishing) | 4 | 5 | 20 | Mise en place de MFA + formation sécurité |
Site web | Déni de service (DDoS) | 3 | 4 | 12 | Reverse proxy + hébergement cloud scalable |
PC comptable | Ransomware | 2 | 5 | 10 | Antimalware + sauvegarde quotidienne |
Application | Bug en production | 3 | 3 | 9 | CI/CD + code review + environnement de test |
Bonnes pratiques à intégrer
- Mettre en place une charte informatique : chaque utilisateur doit comprendre ses responsabilités.
- Centraliser la gestion des accès (Active Directory, Azure AD, etc.)
- Appliquer le principe du moindre privilège : les droits sont attribués selon le besoin réel.
- Suivre les mises à jour et patchs en continu.
- Effectuer des tests d’intrusion périodiques (pentests internes ou externes).
Outils recommandés
Type de besoin | Outils possibles |
---|---|
Cartographie des actifs | GLPI, Lansweeper, NetBox |
Suivi des risques | Excel, Risk Register, ServiceNow GRC |
Surveillance système | Zabbix, Grafana, Prometheus |
Protection endpoint | Crowdstrike, SentinelOne, Microsoft Defender |
Gestion des vulnérabilités | Qualys, Nessus, OpenVAS |
🟡 L’analyse des risques n’est pas qu’un exercice théorique : c’est une approche vivante, qui s’adapte au terrain, aux équipes, aux technos. Intégrer cette méthode dans votre cycle IT, c’est injecter une couche d’anticipation dans votre gestion quotidienne. Et comme disent les devs : mieux vaut un script de prévention qu’un restore d’urgence.
🧭 Pilotage dans le temps : l’analyse des risques comme process vivant
Une bonne analyse des risques ne s’arrête pas à un tableau joliment rempli et oublié dans un dossier partagé. Elle évolue en continu. Voici quelques conseils de pilotage :
- Mettre à jour à chaque incident : chaque alerte ou faille découverte est une opportunité d’ajuster votre grille d’analyse.
- Planifier une révision semestrielle ou annuelle, même sans incident.
- Impliquer les métiers : le RSSI et l’IT ne doivent pas être seuls à bord. Les équipes RH, finance, logistique ont aussi leurs actifs critiques.
- Documenter les décisions : accepter un risque, c’est un choix stratégique. Il doit être tracé, validé et justifié.
🧱 Intégrer l’analyse des risques à la stratégie cybersécurité
L’analyse des risques, c’est le socle de toute politique de cybersécurité cohérente. Sans elle, on sécurise au feeling. Avec elle, on investit là où ça a le plus de valeur.
Elle permet de :
- Justifier un budget sécurité auprès de la direction (avec chiffres à l’appui)
- Prioriser les projets (MFA avant NAC ? VPN avant bastion ?)
- Réduire les coûts de traitement post-incident
- Être compliant avec des référentiels comme ISO 27001, NIST ou le RGPD
Bâtir une culture du risque dans l’équipe
Les meilleurs firewalls du monde ne servent à rien si Kevin du service commercial ouvre un fichier zip douteux nommé bons_de_commande_URGENT.zip
.
C’est pourquoi l’analyse des risques doit aller au-delà du service IT :
- Former tous les utilisateurs aux gestes cybersécurité (phishing, sauvegarde, confidentialité)
- Promouvoir une culture de transparence sur les incidents (pas de blâme, du feedback)
- Créer des rituels sécurité : revue de risques en comité, brefs audits internes, défis mensuels de sécurité
🧠 Pour conclure (et hacker un peu l’avenir)
Faire une bonne analyse des risques, c’est comme optimiser un code legacy : ça prend du temps au début, mais ça sauve des heures (et des nerfs) plus tard. Elle vous rend plus résilient, agile et stratégique.
💡 La question n’est plus “est-ce que je vais subir un incident ?” mais “suis-je prêt quand ça va arriver ?”
📝 Modèle Excel – Analyse des Risques Informatiques
Ce modèle Excel a été conçu pour faciliter l’identification, l’évaluation et le suivi des risques liés aux systèmes d’information. Il s’adresse aux responsables IT, RSSI, chefs de projets, ou toute personne impliquée dans la cybersécurité et la gestion des risques numériques.
✅ Fonctionnalités clés
- Tableau structuré : chaque ligne représente un risque, associé à un actif, une menace et une vulnérabilité spécifique.
- Colonnes élargies : pour une meilleure lisibilité des contenus textuels (cas d’usage, descriptions détaillées…).
- Calcul automatique du score de risque : la formule multiplie la probabilité (1 à 5) par l’impact (1 à 5) afin de prioriser les actions.
- Colonnes pour le plan de traitement : permet d’indiquer la mesure à adopter (réduction, acceptation, transfert ou suppression).
- Suivi par responsable et date de révision : idéal pour piloter les plans d’action dans le temps.
- Mise en forme colorée des en-têtes pour une meilleure lisibilité et une navigation rapide.
Objectif du modèle
Ce fichier vise à rendre l’analyse des risques opérationnelle, visuelle et exploitable au quotidien. Il peut être utilisé :
- En réunion de pilotage avec la DSI
- Dans un plan de sécurisation projet
- Lors d’un audit ou d’une revue de conformité (ex : RGPD, ISO 27001)
🔧 Personnalisation possible
Le modèle est entièrement réutilisable et modifiable. Vous pouvez ajouter :
- Des filtres ou vues dynamiques
- Des feuilles pour chaque service ou type d’actif
- Des tableaux croisés pour synthétiser les scores par domaine
