Micro-BIC/BNC vs régime réel : Modèle Excel – seuils, abattements, comparaison d’impôt
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On croit souvent que choisir entre micro-BIC/BNC et régime réel relève d’une philosophie de gestion. En pratique, c’est une équation de cash : base imposable, cotisations, trésorerie mensuelle. Une case cochée au mauvais endroit peut coûter des milliers d’euros sur l’année ; bien choisie, elle finance un nouvel objectif (matériel, équipe, trésor de guerre).
Indépendants, artisans, consultants, loueurs en meublé (LMNP) : vous n’êtes pas logés à la même enseigne.
Le micro applique un abattement forfaitaire (71 % en ventes, 50 % en BIC services, 34 % en BNC) et calcule l’impôt sur le reste ; simple, rapide, lisible.
– Le réel déduit vos charges exactes et vos amortissements ; plus exigeant, mais souvent redoutable lorsque les frais pèsent lourd (loyers, sous-traitance, véhicule, matériel).
Point aveugle le plus fréquent ? Confondre simplicité et économie. Le micro rassure par son côté “plug-and-play”, mais il devient pénalisant dès que charges + amortissements > abattement. À l’inverse, le réel impressionne par la paperasse ; pourtant, si votre TMI grimpe et que vos coûts sont structurants, c’est lui qui fait baisser la facture.
Cette intro pose le décor ; la suite vous donne la méthode : repères de seuils, rappel des abattements, arbre de décision en 5 étapes, scénarios comparatifs, et un stress test (CA qui bouge, charges qui varient, TMI qui change). L’objectif n’est pas de trancher à votre place, mais de vous fournir un cadre chiffré reproductible, pour décider sans état d’âme.
Deux portraits pour se situer, enfin. Nora, photographe BNC à 65 k€ de CA, dépenses élevées en studio et en location de matériel : au-delà d’un certain cap, le réel devient logique. Paul, e-commerçant en BIC “ventes” avec une logistique très optimisée : tant que ses coûts restent contenus, le micro peut rester gagnant. Même terrain, deux géométries : la bonne réponse dépend de vos chiffres, pas d’un principe.
Micro, réel… deux mots simples, des conséquences lourdes. L’un applique un abattement forfaitaire sur votre chiffre d’affaires, l’autre déduit vos charges réelles (et vos amortissements). Entre les deux, l’écart de trésorerie peut être à quatre ou cinq chiffres. Voici comment trancher sans vous perdre.
1) Le décor en une minute
- Micro-BIC/BNC : régime “léger”. Vous déclarez le CA, l’administration applique un abattement (ventes 71 %, services BIC 50 %, BNC 34 %, avec un minimum annuel), et calcule l’IR sur le reste. Les cotisations sont souvent un pourcentage du CA.
- Régime réel : vous calculez un résultat = CA – charges – amortissements. L’IR et les cotisations portent sur ce bénéfice (ou rien s’il est nul).
- Seuils : le micro n’est possible qu’en-dessous de plafonds de CA (ajustables dans votre modèle). Au-delà, bascule au réel.
Règle d’or : comparez abattement micro vs vos charges + amortissements. Si vos charges réelles dépassent l’abattement, le réel prend l’avantage (souvent).
2) Comment l’impôt est calculé (version utile)
- Micro
- Base imposable IR ≈ CA – abattement (ou CA – 305 € minimum si c’est plus élevé).
- IR (approx.) ≈ Base × TMI (votre taux marginal d’imposition).
- Cotisations ≈ taux × CA (selon activité/statut).
- Réel
- Bénéfice ≈ CA – charges – amortissements.
- IR (approx.) ≈ Bénéfice × TMI.
- Cotisations ≈ taux × Bénéfice (si bénéfice ≤ 0 → cotisations minimales éventuelles, selon votre régime social).
Ce sont des ordres de grandeur pour comparer. Les paramètres précis (plafonds, taux sociaux) se règlent dans votre tableur.
3) Deux scénarios qui parlent d’eux-mêmes
Scénario A — BIC Services avec charges modérées
Hypothèses : CA 80 000 €, charges 25 000 €, amortissements 5 000 €, TMI 30 %, taux social micro 22 %, taux social réel 40 %.
- Micro :
- Abattement 50 % → 40 000 € ; Base IR ≈ 40 000 € ; IR ≈ 12 000 € ; Cotisations ≈ 17 600 € ;
- Total prélèvements ≈ 29 600 € ; Net ≈ 50 400 €.
- Réel :
- Bénéfice = 80 000 – 25 000 – 5 000 = 50 000 € ; IR ≈ 15 000 € ; Cotisations ≈ 20 000 € ;
- Total prélèvements ≈ 35 000 € ; Net ≈ 45 000 €.
Verdict : Micro gagnant (charges réelles < abattement).
Scénario B — BIC Services avec charges lourdes
Hypothèses : CA 80 000 €, charges 45 000 €, amortissements 10 000 €, mêmes taux.
- Micro : total ≈ 29 600 € (comme ci-dessus).
- Réel : bénéfice = 80 000 – 45 000 – 10 000 = 25 000 € ; IR ≈ 7 500 € ; Cotisations ≈ 10 000 € ;
Total ≈ 17 500 € ; Net ≈ 62 500 €.
Verdict : Réel gagnant (charges + amortissements > abattement).
Ce que montrent ces deux cas : le point d’équilibre se situe là où abattement micro ≈ charges + amortissements. De part et d’autre, l’arbitrage est souvent net.
4) Arbre de décision express
- Calculez (ou estimez) vos charges annuelles + amortissements.
- Comparez au pourcentage d’abattement de votre activité (71 % / 50 % / 34 %).
- Si charges + amortissements > abattement → réel. Sinon → micro (surtout avec TMI élevé ou une forte croissance de CA, le micro peut rester plus doux).
- Testez les deux voies dans un simulateur (avec votre TMI et vos taux sociaux).
- Regardez aussi la paperasse : le réel exige une compta plus carrée (mais les économies peuvent largement financer l’expert-comptable).
5) Seuils & paramètres : où se jouent les bascules
- Plafonds micro (CA) : si vous les dépassez, réel obligatoire l’année suivante (sous conditions de dépassement).
- Abattements : 71 % (ventes), 50 % (BIC services), 34 % (BNC), avec plancher annuel.
- Taux sociaux : en micro, souvent % du CA ; au réel, % du bénéfice. Les niveaux exacts dépendent de votre statut et caisse.
- TMI : plus il est élevé, plus le réel devient intéressant si vous avez beaucoup de charges (puisque chaque euro déduit économise votre TMI).
Astuce — Gardez des paramètres éditables (plafonds, taux, plancher) dans votre fichier. Les règles évoluent.
6) Ce qu’on oublie (et qui change tout)
- Amortissements (réel) : véhicule pro, matériel, informatique, agencements… C’est non déductible en micro, déductible en réel.
- TVA : votre régime TVA peut différer du choix micro/réel à l’IR. Ne mélangez pas les sujets.
- CFE et contributions : à anticiper dans la trésorerie, quel que soit le régime.
- Cotisations minimales : au réel, si bénéfice faible/nul, renseignez-vous sur les minima applicables à votre caisse.
- Croissance : si vous visez +30 % de CA, refaites la simu : le micro peut perdre son avantage.
7) Méthode “5 minutes” pour choisir maintenant
- Posez vos chiffres (CA, charges annuelles, amortissements prévus).
- Réglez TMI et taux sociaux (micro / réel).
- Comparez “Total prélèvements” et “Net après prélèvements” micro vs réel.
- Faites un stress test :
- CA +20 %,
- charges ±10 %,
- TMI + une tranche.
- Décidez : si l’écart est > 2 000–3 000 €, vous avez une réponse économique. S’il est serré, laissez l’argument simplicité peser.
8) Calendrier & gouvernance (pour éviter le faux pas)
- Option pour le réel : se demande dans les délais (et vaut souvent pour 1 an avec reconduction).
- Suivi : journalisez vos hypothèses (taux, plafonds) avec date ; refaites un point semestriel.
- Preuves : gardez factures et tableau d’amortissements (au réel).
- Plan B : si vos charges dérapent ou si l’environnement change, recalculez avant la date limite d’option.
9) À retenir
- Micro simplifie et protège quand vos charges réelles sont faibles.
- Réel maximise l’économie si vos charges + amortissements dépassent l’abattement.
- La bonne décision n’est pas doctrinale : c’est un calcul, ajusté à votre TMI et à vos taux sociaux.
Bonus — Utiliser votre modèle Excel
- Onglet 1_Inputs : saisissez activité, CA, charges/amortissements, TMI, taux sociaux.
- 2_Param : vérifiez plafonds et abattements.
- 3_Synthese : lisez Total prélèvements et Net pour MICRO et RÉEL + recommandation indicative.
- Ajoutez un onglet scénarios (bas/médian/haut) pour visualiser le point de bascule.
Conclusion courte — On ne “choisit” pas entre micro et réel, on démontre. Un tableur bien réglé, deux hypothèses bien posées, et votre régime s’impose de lui-même.







