Compte de résultat restaurant dans Excel : Modèle automatisé
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Un restaurant peut afficher une salle pleine et pourtant finir le mois avec une trésorerie tendue. La raison est souvent simple : l’activité se lit au quotidien, mais la rentabilité, elle, se construit dans les détails. Entre les achats matière qui varient selon la carte, les charges fixes qui tombent même quand la météo décourage la clientèle, les remises, la livraison, la TVA, les frais de personnel ou les commissions des plateformes, le ressenti ne suffit plus. C’est là qu’un compte de résultat automatisé dans Excel devient un outil de direction, pas seulement un tableau “pour la compta”. Il convertit des tickets de caisse et des factures en indicateurs exploitables : marge, charges, EBITDA, résultat net, mais aussi ratios métiers qui parlent au restaurateur.
Pourquoi un compte de résultat “spécial restaurant” change la donne
Un compte de résultat classique fonctionne pour toutes les entreprises, mais le restaurant a une mécanique particulière :
- la matière première (food & beverage) pèse lourd et fluctue fortement,
- la main-d’œuvre est décisive (heures, équipes, pics de service),
- la saisonnalité joue sur la fréquentation,
- une partie des ventes passe par livraison/plateformes avec commissions,
- les prix sont sensibles : on ajuste la carte, on fait des offres, on absorbe l’inflation.
Un modèle Excel automatisé vous donne une lecture immédiate de cette mécanique. Au lieu d’attendre le bilan annuel ou un reporting tardif, vous pilotez mois par mois : vous repérez un glissement de marge dès qu’il apparaît, vous voyez si la hausse des achats vient des prix, des quantités, du gaspillage, ou d’un changement de mix produit.
Le principe : “saisie simple, calcul intelligent”
L’objectif d’un bon modèle Excel n’est pas de vous faire passer votre temps sur un tableur. Il doit fonctionner comme un entonnoir :
- Vous saisissez l’essentiel (ventes, achats, charges).
- Excel calcule automatiquement (HT/TVA/TTC, totaux, répartitions).
- Le compte de résultat agrège mensuellement.
- Un tableau de bord met en évidence les tendances et alertes.
Ce qui fait la différence, c’est l’automatisation des liens : quand vous corrigez une ligne de saisie (une facture oubliée, une remise ajoutée), le compte de résultat et le dashboard se mettent à jour sans retouche manuelle.
Structurer les ventes : la base d’un P&L fiable
Dans un restaurant, le chiffre d’affaires n’est pas un bloc unique. Le suivre en “CA total” est confortable, mais insuffisant. Un modèle automatisé doit permettre une segmentation simple, parce que la rentabilité n’est pas la même selon la source.
Ventiler les ventes par canaux
- Sur place (salle)
- À emporter
- Livraison (plateformes, livraison interne)
- Événements/privatisation (si applicable)
Cette ventilation est précieuse : si la livraison progresse mais que le résultat net baisse, vous suspectez immédiatement l’effet “commission + packaging + remises” qui mange la marge.
Distinguer nourriture et boissons
Un classique du pilotage restaurant : la marge boissons est souvent plus confortable que la marge food. Si vous ne séparez pas les deux, vous ne voyez pas si la carte “tire” la performance vers le haut ou vers le bas.
Intégrer remises et annulations
Les remises (promos, bons, gestes commerciaux) doivent apparaître clairement. Elles ne sont pas “neutres” : elles réduisent le CA net et peuvent masquer une vraie tendance (prix trop bas, concurrence, baisse de fréquentation). Une automatisation simple consiste à saisir le brut et la remise, puis à laisser Excel calculer le CA net.
Achats matière : comprendre le coût réel, pas seulement les factures
Les achats, dans un restaurant, se comportent comme une variable vivante. Un bon modèle Excel automatise au moins trois niveaux de lecture.
1) Catégoriser les achats (COGS)
- Achats food (produits frais, épicerie, viande, poisson…)
- Achats boissons (soft, alcool, café…)
- Emballages (consommables, sacs, boîtes…)
- Autres achats directs (si vous les suivez séparément)
Pourquoi c’est utile ? Parce que vous pouvez calculer automatiquement :
- Food cost % = Achats food / Ventes food
- Beverage cost % = Achats boissons / Ventes boissons
- Coût packaging / ventes livraison
2) Lire la marge brute comme un résultat “métier”
La marge brute (CA net – achats matière) est la première vérité du restaurant. C’est elle qui paye ensuite le personnel, le loyer, l’énergie, les charges, et qui laisse (ou non) un résultat.
Quand Excel calcule la marge brute par mois, vous voyez immédiatement :
- un mois “plein” mais faible en marge (gaspillage, hausse prix fournisseurs, remises)
- un mois plus calme mais rentable (bon mix, bonne gestion achats)
3) Détecter les signaux de dérive
Un glissement régulier du cost ratio (ex. de 30% à 35%) est un signal fort. Cela peut venir de :
- hausse des prix d’achat,
- portions trop généreuses,
- pertes sur la chaîne froide,
- vols ou erreurs de réception,
- vente trop concentrée sur des plats à faible marge.
L’automatisation sert précisément à mettre ce glissement en évidence, sans attendre.
Charges : séparer ce qui est fixe, variable et stratégique
Les charges d’un restaurant méritent une lecture structurée. Le modèle Excel doit au minimum permettre une classification par catégories :
Charges de personnel
- salaires, extras, intérim
- charges sociales
- primes, avantages, repas équipe (selon votre traitement)
Le ratio “personnel / CA” est un indicateur central. Sur un restaurant, il varie selon le concept, mais l’intérêt est surtout de suivre sa trajectoire : si le CA baisse et que le personnel reste identique, le ratio explose.
Charges fixes
- loyer, charges locatives
- assurances
- abonnements (logiciels caisse, réservation, musique, internet…)
- honoraires
Charges d’exploitation
- énergie (électricité/gaz)
- entretien, hygiène, blanchisserie
- petits équipements
- marketing / communication
Charges spécifiques livraison
- commissions plateformes
- frais de transaction
- frais de livraison interne (si applicable)
Quand ces charges sont bien catégorisées, Excel peut calculer automatiquement :
- le poids des charges fixes (capacité à encaisser un creux d’activité)
- les charges variables (qui devraient suivre le volume)
- les coûts qui méritent une action immédiate (énergie, commissions, etc.)
Les indicateurs qui parlent vraiment au restaurateur
Un compte de résultat automatisé ne sert pas uniquement à produire un résultat net. Il sert à répondre à des questions concrètes.
Ticket moyen et productivité
- Ticket moyen = CA / nombre de couverts
- CA par service (midi/soir) si vous suivez les services
- CA par jour d’ouverture (si vous intégrez le calendrier)
Ces indicateurs permettent d’agir sans idéologie : ajuster la carte, revoir la politique de remise, renforcer la vente additionnelle (boissons/desserts), améliorer l’occupation.
Ratios de marge
- Marge brute %
- Food cost % / Beverage cost %
- EBITDA % (performance opérationnelle avant amortissements et impôts)
L’EBITDA est particulièrement utile pour comparer des mois, des restaurants, ou des concepts, car il met en évidence la performance d’exploitation.
Point mort et seuil de rentabilité
Un modèle avancé peut estimer un point mort mensuel : le niveau de CA nécessaire pour couvrir charges fixes + personnel + charges d’exploitation. Même une version simple (charges fixes / taux de marge sur coûts variables) donne déjà un repère.
TVA : éviter les erreurs qui faussent la lecture
La TVA est un point sensible : certains montants se raisonnent TTC (caisse), d’autres HT (pilotage). Un bon fichier automatise la conversion et limite les erreurs.
- Saisie des ventes en HT (ou TTC selon votre préférence), avec calcul automatique HT/TVA/TTC.
- Charges et achats avec TVA identifiée (ou taux à zéro quand la TVA ne s’applique pas).
- Résumé clair de TVA collectée vs TVA déductible si vous voulez un suivi de trésorerie.
L’essentiel est d’éviter les doubles saisies et les incohérences. Excel doit faire le travail mécanique, pas vous.
Le tableau de bord : voir en un coup d’œil ce qui bouge
Le dashboard n’est pas un “bonus graphique”. Dans un restaurant, il devient un instrument de décision. Un bon tableau de bord met en avant :
- CA net par mois (courbe)
- Marge brute et son ratio (courbe ou barres)
- EBITDA (barres)
- Top charges (personnel, loyer, énergie, commissions)
- Indicateurs d’alerte (COGS% anormal, ticket moyen en baisse)
L’intérêt, c’est l’instantanéité. En quelques secondes, vous savez si le mois est “bon” parce que la salle a tourné, ou parce que vous avez réellement protégé la marge.
Méthode de mise en place : simple, mais rigoureuse
1) Définir vos catégories une fois
Prenez 20 minutes pour décider des catégories de ventes, d’achats et de charges qui vous ressemblent. Trop de détails noie l’analyse, trop peu la rend aveugle. L’équilibre idéal est celui qui permet d’agir.
2) Saisir régulièrement
Le modèle fonctionne si vous alimentez vos données. Une cadence réaliste :
- ventes : quotidien ou hebdo (selon votre organisation)
- achats/charges : à réception ou hebdo
3) Comparer mois après mois
La puissance d’Excel est dans la comparaison. Même sans budget, vous pouvez suivre des tendances : marge qui s’érode, énergie qui grimpe, commissions qui s’envolent, ticket moyen qui ralentit.
4) Transformer les constats en actions
Un compte de résultat automatisé n’est pas fait pour constater. Il est fait pour agir :
- ajuster prix carte,
- renégocier fournisseurs,
- simplifier une carte trop coûteuse,
- limiter le gaspillage,
- revoir le staffing et les shifts,
- pousser les produits à marge (sans casser l’expérience).
Cas particuliers à prévoir dans un modèle “vraiment restaurant”
Pourboires
Selon votre gestion (caisse, carte, redistribution), vous pouvez les suivre à part. Ils ne sont pas toujours du CA, mais ils impactent la paie et la lecture opérationnelle.
Privatisations / événements
Souvent ponctuels, parfois très rentables. Les isoler permet d’éviter qu’un “gros événement” masque une faiblesse sur l’exploitation habituelle.
Livraisons et commissions
Le modèle peut intégrer une ligne dédiée “commissions plateformes” et même calculer une marge livraison spécifique. C’est souvent là que se cache une surprise.
Pertes et offerts
Les “offerts” peuvent être une stratégie (fidélisation) ou un dérapage. Les suivre permet de conserver la maîtrise.
Un Modèle Excel Compte de résultat restaurant comme copilote
Un compte de résultat restaurant automatisé dans Excel n’est pas un document administratif. C’est une manière de donner une forme lisible à votre réalité : ce que vous vendez, ce que vous payez, et ce qui reste. Lorsqu’il est bien construit, il devient un réflexe de pilotage : vous repérez les dérives avant qu’elles ne s’installent, vous comprenez la performance au-delà du bruit, et vous décidez avec des repères solides.
Ci-après une synthèse du modèle automatisé (Compte de résultat restaurant Excel) :
- Paramètres : vous définissez l’année, la devise, le taux de TVA et le taux d’impôt → tout le fichier se recalcule.
- Saisie_Ventes : vous saisissez vos ventes (HT) + couverts + remises → Excel calcule Total HT, TVA, TTC et le ticket moyen.
- Saisie_Achats : vous saisissez les achats “matière” (food/boissons/packaging) → Excel calcule TVA/TTC et alimente automatiquement le COGS.
- Saisie_Charges : vous saisissez les charges (personnel, loyer, énergie, marketing, etc.) → TVA auto (0 pour salaires/charges sociales).
- Compte_de_Résultat : consolidation mensuelle + annuelle automatique : CA net, marge brute, EBITDA, résultat net, + ratios (COGS%, personnel%, loyer%…).
- Dashboard : KPIs + graphiques (CA, marge, EBITDA) pour voir rapidement les tendances.
En pratique : vous remplissez 3 onglets (ventes/achats/charges), et le compte de résultat + le tableau de bord se mettent à jour tout seuls.










