DUER « style officiel » : écrire pour prouver, décider et prévenir
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Le Document unique d’évaluation des risques (DUER) tient une place singulière : c’est à la fois la photographie des expositions au travail et la feuille de route de la prévention. Un DUER à l’allure officielle n’est pas une mise en page austère par principe : c’est un format qui inspire confiance, résiste à l’audit et parle clairement à ceux qui doivent agir. Sobriété typographique, sections numérotées, tableaux lisibles en noir et blanc : tout concourt à rendre la preuve visible et la décision exécutable.
Les fondations éditoriales d’un DUER solide
Un document reconnu comme « officiel » rassemble trois qualités. D’abord la cohérence : le lecteur comprend immédiatement où trouver l’information (méthode, inventaire, évaluation, plan d’action). Ensuite la traçabilité : chaque risque garde son identifiant, ses justifications et son historique de traitement. Enfin la réutilisabilité : les unités de travail sont décrites de façon stable, ce qui évite de « réinventer » le texte à chaque mise à jour.
Architecture recommandée et logique de lecture
L’entrée en matière présente l’entreprise, le périmètre et les interlocuteurs. Suit un chapitre méthodologique bref où l’on définit l’échelle de gravité et de probabilité et la manière de calculer le niveau de risque. Vient ensuite le cœur : les unités de travail et l’inventaire des dangers, puis la cotation S×P avec une justification concise. La hiérarchie des mesures de prévention structure l’action : éliminer quand c’est possible, substituer, concevoir des protections techniques, organiser le travail, former, conserver l’EPI comme ultime filet. Un plan d’action convertit les priorités en engagements datés. Les dernières pages rassemblent la consultation CSE/CSSCT, le registre des versions et les modalités de diffusion.
Méthode de cotation : simple, explicite, défendable
La méthode fonctionne si elle est énoncée simplement. On choisit une échelle de 1 à 5 pour la gravité et la probabilité, puis on calcule le produit. L’essentiel réside dans la justification de la note : une phrase courte qui rappelle la situation d’exposition et les éléments observables. Plus le commentaire est factuel (fréquence, durée, population concernée, incidents antérieurs), plus la cotation tient face aux questions d’un auditeur ou d’un tribunal.
Des mesures qui suivent la hiérarchie de prévention
Le DUER « style officiel » ne s’arrête pas à la cote du risque. Il montre comment la prévention progresse du plus efficace vers le moins durable. Une substitution documentée ou une modification d’équipement pèse davantage qu’une consigne ou un EPI. Cette hiérarchie n’est pas une coquetterie théorique : elle évite de masquer un risque structurel sous des solutions individuelles.
Donner chair au plan d’action
On attend d’un plan d’action qu’il ferme les boucles. Chaque ligne associe une action formulée au mode opératoire, une personne responsable, une date lisible, un critère de succès observable et une preuve attendue. La clarté gagne à être mesurée : « rédiger une procédure » ne signifie rien sans destinataire, formation, contrôles prévus et date de bascule.
Consultation des représentants : un chapitre à part entière
Un DUER sérieux montre comment l’entreprise écoute et répond. La consultation CSE/CSSCT se consigne avec sa date, les avis émis, les recommandations et la réponse précise de l’employeur. L’objectif n’est pas décoratif : sans ce chaînon, la prévention reste théorique. La fiche de consultation croisée au plan d’action matérialise la continuité entre débat et mise en œuvre.
Mise à jour et traçabilité : le temps long de la prévention
La force juridique du DUER tient à la discipline de mise à jour. Chaque version porte sa date, son motif (changement d’organisation, incident, nouvelle information), son périmètre et sa validation. Un tableau des révisions suffit, pourvu qu’il soit tenu. Cette chronologie raconte la maturité du système : l’organisation apprend, corrige, documente.
Diffusion maîtrisée et confidentialité
Un document officiel s’assume… sans s’exposer inutilement. On distingue clairement les destinataires, les supports de diffusion et les limites liées aux données sensibles. L’impression en noir et blanc reste lisible, la pagination et la date en pied de page facilitent l’archivage. Là encore, la forme protège le fond.
Rédaction : une voix claire, sans emphase
La qualité d’écriture n’est pas accessoire. Elle tient en trois réflexes : phrases complètes, vocabulaire stable, repères datés. On bannit les tournures dilatoires. On préfère les formulations qui laissent peu de place à l’interprétation : qui fait quoi, où, quand, avec quelles preuves. Cette ligne rédactionnelle, tenue sur toute la longueur du document, fait gagner du temps à ceux qui lisent pour agir.
Exemples de formulations directement utilisables
Justification de cotation
« Exposition quotidienne > 2 h au poste découpe, niveau sonore mesuré à 87 dB(A), protections collectives absentes sur zone B. »
Mesure d’ingénierie
« Pose d’un capotage interverrouillé sur scie ruban L3, schéma constructeur joint, essai fonctionnel et consignation prévus le 15 novembre. »
Action et indicateur
« Former 100 % des opérateurs aux nouvelles procédures de consignation, sessions planifiées semaine 47, succès attesté par registre de formation signé et test pratique sans écart. »
Révision DUER
« Version 1.4 du 02/12/2025 : intégration nouvelle ligne de conditionnement, re-cotation des risques mécaniques U.T. Emballage, consultation CSSCT du 28/11/2025 référencée au PV n° 23. »
Erreurs fréquentes à corriger sans attendre
Les matrices où l’on coche beaucoup sans justifier affaiblissent la crédibilité. Les plans d’action sans date butoir n’aboutissent jamais. Les EPI érigés en solution principale entretiennent un faux sentiment de sécurité. Les versions sans motif de révision perdent la mémoire du programme. À l’inverse, une note brève et datée, un jalon vérifiable, une preuve jointe : voilà ce qui transforme un tableau en dispositif vivant.
Passer du modèle à la pratique
Un gabarit « officiel » n’a de valeur que s’il est utilisé avec méthode. Renseigner d’abord les unités de travail, puis inventorier les dangers avec les équipes terrain, coter ensemble, arbitrer les priorités, formaliser des actions contrôlables, consulter, mettre à jour. À chaque boucle, le DUER devient plus juste et l’organisation plus sûre. C’est là tout l’enjeu : un document qu’on lit vraiment, parce qu’il fait avancer le travail et protège ceux qui le réalisent.








Découvrez une checklist légale prête à l’emploi pour sécuriser votre DUER (Document unique d’évaluation des risques) en France.
(Format “cases à cocher” – à adapter à votre entreprise. Aucune référence ou lien externe.)
1) Cadre & gouvernance DUER
☐ L’entreprise dispose d’un DUER à jour couvrant toutes les unités de travail (sites, ateliers, bureaux, chantiers, télétravail).
☐ Un référent DUER est désigné (nom, fonction, coordonnées).
☐ Les règles internes de mise à jour (déclencheurs, périodicité, responsabilités) sont formalisées.
☐ Le DUER intègre la hiérarchie de prévention (élimination → substitution → technique → organisation → formation → EPI).
☐ Les données personnelles éventuelles sont limitées au strict nécessaire (confidentialité respectée).
☐ Les prestataires externes intervenant sur site sont pris en compte (co-activité, plan de prévention, PPSPS le cas échéant).
2) Inventaire des unités de travail & expositions
☐ L’inventaire des unités de travail est exhaustif (zones/postes/tâches).
☐ Pour chaque unité : situations d’exposition décrites (fréquence, durée, public exposé).
☐ Sont identifiées les populations spécifiques : jeunes, femmes enceintes/allaitantes, travailleurs handicapés, intérimaires, sous-traitants, travailleurs de nuit/isolés.
☐ La co-activité et les interfaces (logistique, visiteurs, public) sont traitées.
3) Évaluation des risques (méthode S×P)
☐ Une méthode de cotation est formalisée (gravité S, probabilité P, risque R=S×P).
☐ Chaque danger possède une justification de cotation (éléments factuels mesurables).
☐ Un classement des priorités est défini (seuils lisibles et partagés).
☐ Les mesures existantes sont prises en compte (efficacité, résidu).
4) Registres thématiques obligatoires intégrés au DUER
☐ Chimiques : inventaire des produits, FDS disponibles, substitution étudiée, stockage/étiquetage, ventilation.
☐ Biologiques : exposition, procédures déchets à risque, vaccination/mesures barrières si applicable.
☐ Bruit/Vibrations : niveaux connus, zones, protections collectives/individuelles, suivi santé.
☐ Machines/Électricité/Cadenassage : protections, interverrouillages, consignation, contrôles périodiques.
☐ Ergonomie/TMS/Manutention : aménagements, aides mécaniques, organisation, formation gestes & postures.
☐ RPS (psychosociaux) : facteurs organisationnels, charge/rythmes, conflits, violence/externalité, plan d’actions.
☐ Écran/Télétravail : réglages poste, éclairage, pauses, autodéclaration, matériel, consignes.
☐ Hauteur/Espaces confinés : autorisations, procédures, équipements, sauvetage.
☐ Circulations internes/Véhicules : plan de circulation, piétons/chariots, signalétique, formation CACES/permis interne.
☐ Incendie/Explosion/ATEX : évaluation, zonage, matériels conformes, exercices, consignations.
☐ Public/Violences/Incivilités : analyse des situations, dispositifs de protection, consignes.
☐ Horaires atypiques/Isolé : moyens d’alerte/surveillance, organisation adaptée.
5) Plan d’actions priorisé (exécutable)
☐ Chaque action indique : responsable nommé, échéance datée, indicateur de succès, preuve de réalisation.
☐ La hiérarchie de prévention est respectée (privilégier élimination/substitution et solutions d’ingénierie).
☐ Les EPI ne sont utilisés qu’en complément résiduel, avec formation et contrôle d’usage.
☐ Un tableau de suivi synthétise : priorité, statut (ouvert/clos), revue prévue.
6) Information, formation & habilitations
☐ Les consignes sont rédigées, à jour, diffusées et affichées si nécessaire.
☐ Les salarié·e·s exposé·e·s ont reçu la formation adaptée (initiale, recyclages), enregistrée (feuilles de présence, tests).
☐ Les habilitations/autorisations sont suivies (électricité, chariots, espaces confinés, travail en hauteur…).
☐ Les sous-traitants reçoivent une information sécurité à l’accueil (traçabilité).
7) Équipements, contrôles & maintenance
☐ Les équipements de travail sont conformes et entretenus (registre des contrôles, levage/presses/locaux spéciaux).
☐ Les dispositifs de sécurité (capotages, arrêts d’urgence, détecteurs) sont fonctionnels et testés.
☐ Les locaux (sanitaires, vestiaires, réfectoires) répondent aux exigences d’hygiène.
☐ Incendie : moyens adaptés, vérifications périodiques, exercices réalisés, consignes connues.
8) Accidents, incidents & presque-accidents
☐ Un dispositif de signalement existe (simples, accessible, sans sanction).
☐ Les presque-accidents sont enregistrés et analysés (apprentissages).
☐ Les enquêtes associent encadrement, prévention, représentants du personnel ; les mesures correctives repartent vers le plan d’action.
☐ Les AT/MP font l’objet d’une revue périodique (tendances, causes récurrentes).
9) Consultation CSE/CSSCT (traçabilité)
☐ Le DUER et ses mises à jour sont présentés au CSE/CSSCT.
☐ Les avis et recommandations sont consignés, ainsi que la réponse de l’employeur.
☐ Les références de procès-verbaux et les documents présentés sont archivés (traçabilité).
10) Mise à jour & conservation des versions
☐ Des déclencheurs de révision sont définis (évolution de l’organisation, nouveau procédé/équipement/produit, incident, information nouvelle).
☐ Un registre des versions (date, motif, périmètre impacté, validation) est tenu.
☐ Les versions antérieures sont conservées selon les règles internes (traçabilité longue).
☐ Les destinataires (internes/externe) et modes d’accès sont définis (intranet, affichage, consultation encadrée).
11) Documentation de preuve
☐ Plans, photos datées, rapports de mesures, FDS, procès-verbaux, feuilles de présence, attestations d’habilitation sont classés et référencés.
☐ Les preuves rattachées à chaque action sont facilement retrouvables (n° d’action ou ID risque).
12) Dispositions spécifiques (selon activité)
☐ Travaux temporaires en hauteur : planification, équipements, vérifications, formation.
☐ Chantiers : PGC/PPSPS/plan de prévention disponibles, coordination SPS, visites.
☐ Soins/Labo : procédures d’asepsie, DASRI, traçabilité exposition, EPI adaptés.
☐ Logistique/Transport : zones de transfert sécurisées, arrimage, circulation, AIPR si réseaux.
☐ Bureaux : ergonomie postes, qualité de l’air/éclairage, charge de travail, télétravail.
Mini-auto-audit (résumé)
☐ Le DUER couvre toutes les unités de travail.
☐ Les risques majeurs sont priorisés et reliés à des actions datées avec preuve.
☐ La consultation CSE/CSSCT est documentée (avis + réponse).
☐ Le registre des versions est tenu et la diffusion est maîtrisée.
☐ Les formations/habilitations et contrôles périodiques sont à jour et tracés.








