Le parallélisme est une figure de style qui consiste à reprendre une même structure syntaxique dans plusieurs segments d’une phrase, d’un texte, ou d’un poème. Cette répétition crée un effet de rythme et de symétrie, et donne une harmonie à l’ensemble. Le parallélisme est souvent utilisé pour renforcer une idée, marquer un contraste ou attirer l’attention sur certaines expressions. Il est particulièrement apprécié en littérature, en poésie et en rhétorique.
1. Définition du Parallélisme
Le parallélisme est une répétition de la même structure grammaticale dans plusieurs phrases ou propositions. Il permet de souligner la similarité ou l’opposition entre les idées.
Exemple :
« Innocents dans un bagne, anges dans un enfer. » – Victor Hugo Ici, la structure « nom + dans un + lieu » est répétée pour renforcer le contraste entre l’innocence et l’enfer.
Structure du parallélisme : Un parallélisme peut être simple, en répétant une même structure, ou plus complexe, en jouant sur des éléments contrastés.
2. Effets du Parallélisme
Le parallélisme est une figure de style qui a plusieurs effets sur le texte et le lecteur :
Rythme et musicalité : La répétition d’une structure donne un rythme fluide et harmonieux au texte, qui capte l’attention du lecteur.
Insistance : En reprenant la même structure, le parallélisme met en avant certaines idées ou expressions, leur donnant plus de poids.
Clarté et emphase : Il simplifie la compréhension en permettant de comparer des idées similaires ou opposées.
Contraste et symétrie : Il renforce les oppositions ou rapproche les idées, permettant de jouer sur les similitudes et les différences entre les concepts.
3. Types de Parallélisme
Le parallélisme peut prendre différentes formes en fonction de l’effet recherché.
a) Parallélisme de Construction
Le parallélisme de construction consiste à répéter une même structure grammaticale sans changer le sens global.
Exemple :
« J’ai tendresse pour toi, j’ai amour pour toi. » – Paul Éluard Ici, la répétition du même schéma (sujet + verbe + complément) donne un effet de douceur et d’insistance.
b) Parallélisme Antithétique
Le parallélisme antithétique combine parallélisme et antithèse, c’est-à-dire qu’il utilise une structure similaire pour présenter deux idées opposées.
Exemple :
« Que la vie est belle, que la mort est triste. » Les deux idées sont opposées (belle/triste) mais suivent la même structure grammaticale, créant un contraste fort.
c) Parallélisme en Gradation
Le parallélisme en gradation présente une progression d’intensité dans les idées ou les mots répétés.
Exemple :
« Je meurs, je suis mort, je suis enterré. » – Molière Ici, chaque proposition reprend la même structure tout en intensifiant l’idée.
4. Utilisation du Parallélisme en Littérature et en Poésie
Le parallélisme est souvent utilisé en littérature pour son effet poétique et pour renforcer l’expression des émotions ou des contrastes.
En poésie : Le parallélisme donne une musicalité et un rythme. Il met en valeur certains mots ou expressions.
Dans les discours : Les orateurs l’utilisent pour renforcer l’impact de leurs arguments. Il aide à rendre les discours plus mémorables.
Dans les textes descriptifs ou narratifs : Il permet de structurer les descriptions et d’ajouter de la fluidité au texte.
Exemple :
« La terre était grise, le blé était gris, le ciel était gris. » – Louis Aragon Ici, le parallélisme met en évidence la tristesse et la monotonie du paysage en répétant la structure et l’adjectif « gris ».
5. Parallélisme et Autres Figures de Style
Le parallélisme est souvent associé à d’autres figures de style, comme :
L’anaphore : répétition d’un même mot ou groupe de mots en début de phrase, souvent couplée avec le parallélisme pour renforcer une idée.
La gradation : intensification d’une série d’éléments, qui peut être réalisée en parallèle.
L’antithèse : association d’idées opposées, couramment utilisée dans les parallélismes antithétiques.
Exemple avec anaphore et parallélisme :
« Il n’y a ici ni respect pour l’innocent, ni pitié pour le coupable. » L’anaphore « ni » et la structure parallèle renforcent l’opposition.
6. Exercices Pratiques
Exercice 1 : Compléter des phrases en parallélisme
Complétez les phrases suivantes pour créer un effet de parallélisme.
« Je veux de l’amour, je veux de la joie, je veux _ . »
« Elle aime les voyages, elle aime la musique, elle aime _ . »
« Dans la vie, il y a des hauts et des bas, des rires et _ . »
Correction :
« Je veux de l’amour, je veux de la joie, je veux de la liberté. »
« Elle aime les voyages, elle aime la musique, elle aime la nature. »
« Dans la vie, il y a des hauts et des bas, des rires et des larmes. »
Exercice 2 : Identifier les parallélismes
Lisez les phrases ci-dessous et identifiez les types de parallélisme utilisés (construction, antithétique, gradation).
« Elle sourit, elle rit, elle éclate de rire. »
« Ce n’est pas un homme ordinaire, ce n’est pas un homme comme les autres. »
« Certains veulent la paix, d’autres recherchent la guerre. »
Correction :
« Elle sourit, elle rit, elle éclate de rire. » – Parallélisme en gradation
« Ce n’est pas un homme ordinaire, ce n’est pas un homme comme les autres. » – Parallélisme de construction
« Certains veulent la paix, d’autres recherchent la guerre. » – Parallélisme antithétique
7. Conseils pour Utiliser le Parallélisme
Évitez la surcharge : Utilisez le parallélisme avec modération pour éviter de rendre le texte trop répétitif.
Variez les structures : Si vous utilisez plusieurs parallélismes, variez les mots ou les expressions pour maintenir l’intérêt du lecteur.
Associez-le à d’autres figures : Combinez le parallélisme avec d’autres figures de style pour enrichir le texte (par exemple, anaphore et gradation).
Utilisez-le pour structurer vos arguments : Dans les discours, le parallélisme peut rendre les idées plus percutantes et mémorables.
Voici des exemples pratiques illustrant l’utilisation du parallélisme dans des contextes variés. Ces exemples montrent comment cette figure de style peut créer du rythme, renforcer des idées, et rendre des phrases plus mémorables.
1. Parallélisme de Construction
Ce type de parallélisme répète la même structure grammaticale sans forcément jouer sur des contrastes. Il est souvent utilisé pour insister sur une idée ou donner du rythme à une phrase.
Exemples :
« Il écoute, il observe, il comprend. »
Ici, la structure « sujet + verbe » est répétée trois fois pour montrer l’attention du personnage et donner un effet d’accumulation.
« Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu. » – César
La structure « sujet + verbe » renforce le caractère triomphal et donne une certaine musicalité à la phrase.
« Son regard est doux, sa voix est calme, son sourire est apaisant. »
Ce parallélisme souligne la douceur du personnage en répétant la même structure descriptive.
2. Parallélisme Antithétique
Le parallélisme antithétique met en opposition deux idées en utilisant la même structure syntaxique, souvent pour exprimer un contraste fort.
Exemples :
« Le jour s’éveille, la nuit s’endort. »
La structure en miroir met en contraste le jour et la nuit, symbolisant les oppositions de la vie.
« Certains aiment le bruit, d’autres préfèrent le silence. »
Le parallélisme renforce l’opposition entre les caractères des personnages.
« Il est riche, elle est pauvre ; il est puissant, elle est faible. »
La structure parallèle souligne les différences sociales et de pouvoir entre les deux personnages.
3. Parallélisme en Gradation
Ce type de parallélisme présente une progression d’intensité, de la plus faible à la plus forte (gradation ascendante), ou de la plus forte à la plus faible (gradation descendante).
Exemples :
« Elle l’a vu, elle l’a aimé, elle l’a adoré. »
La gradation ascendante montre une intensité croissante des sentiments du personnage.
« Je me suis assis, je me suis allongé, je me suis endormi. »
Le parallélisme en gradation ici reflète une progression vers le repos total.
« D’abord, ils ont crié, puis ils ont supplié, et enfin, ils se sont tus. »
La gradation montre une intensité décroissante, symbolisant l’épuisement ou la résignation.
4. Parallélisme Associé à l’Anaphore
L’anaphore est la répétition d’un mot ou groupe de mots en début de phrases ou propositions. Associée au parallélisme, elle renforce le rythme et l’impact de l’expression.
Exemples :
« J’accuse les puissants, j’accuse les faibles, j’accuse l’humanité. » – Émile Zola
Ici, « J’accuse » est répété pour insister sur le réquisitoire, tandis que le parallélisme met en lumière différents groupes de personnes.
« Ni pour l’argent, ni pour la gloire, ni pour le pouvoir. »
Le parallélisme associé à l’anaphore « ni » exprime une répétition pour insister sur les raisons de l’action.
« Que tu sois riche, que tu sois pauvre, que tu sois humble ou grand. »
La répétition de « que tu sois » insiste sur l’idée d’universalité, et le parallélisme souligne l’opposition entre les différentes situations.
5. Parallélisme et Antithèse
Le parallélisme est souvent utilisé en combinaison avec l’antithèse pour mettre en contraste des idées opposées.
Exemples :
« Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger. » – Molière
La phrase utilise la même structure en inversant les mots pour souligner la différence de philosophie de vie.
« L’homme propose, Dieu dispose. »
Ce parallélisme crée un contraste entre l’action humaine et le pouvoir divin, soulignant l’imprévisibilité de la vie.
« J’ai aimé la vie, j’ai méprisé la mort. »
Le parallélisme entre les deux verbes opposés « aimer » et « mépriser » ainsi que les termes « vie » et « mort » met en lumière une attitude contrastée.
6. Parallélisme en Répétition d’une Action
Ce type de parallélisme montre une répétition d’actions similaires ou contraires, créant un effet de continuité ou de confrontation.
Exemples :
« Ils ont ri, ils ont dansé, ils ont chanté. »
Ce parallélisme montre une succession d’actions joyeuses, créant un effet festif.
« Elle écrit, elle efface, elle réécrit. »
Le parallélisme entre ces actions montre l’hésitation ou la recherche de perfection du personnage.
« Nous avançons, puis nous reculons, puis nous avançons encore. »
Ce parallélisme met en lumière une situation instable, un mouvement en va-et-vient, symbolisant peut-être l’hésitation ou la difficulté à progresser.
7. Parallélisme en Structure de Question-Réponse
Ce type de parallélisme repose sur une alternance de questions et de réponses pour structurer une argumentation ou un raisonnement.
Exemples :
« Qui suis-je ? Un homme perdu. Où vais-je ? Vers l’inconnu. »
Le parallélisme en question-réponse accentue le sentiment de quête existentielle du personnage.
« Pourquoi pleurer ? Pour expulser ma peine. Pourquoi sourire ? Pour cacher mes peurs. »
Le parallélisme entre les questions et leurs réponses crée une structure rythmée qui donne de la profondeur aux émotions exprimées.
« Que veux-tu ? La liberté. Que cherches-tu ? La vérité. »
Ce parallélisme donne une force poétique au texte, renforçant l’idée de quête et d’aspirations.
8. Parallélisme pour Structurer des Contrastes Complexes
Le parallélisme peut être utilisé pour structurer des idées ou sentiments complexes, en mettant en contraste des concepts abstraits.
Exemples :
« Le courage est dans l’action, la sagesse est dans la réflexion. »
Ce parallélisme contraste les valeurs associées au courage et à la sagesse.
« La beauté est dans l’instant, l’éternité est dans l’âme. »
Les deux parties de la phrase structurent deux concepts opposés mais complémentaires : l’instantanéité de la beauté et la durée de l’âme.
« La patience est une vertu, l’impatience est une faiblesse. »
Ici, le parallélisme est utilisé pour souligner une comparaison morale, contrastant la vertu et le défaut.
9. Parallélisme en Chiasme (AB-BA)
Le chiasme est un type particulier de parallélisme où la structure est inversée, formant un schéma AB-BA. Il permet de renforcer l’impact de l’expression et de souligner une idée de symétrie.
Exemples :
« Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger. »
Ce chiasme reprend la même structure grammaticale, mais inverse les mots « vivre » et « manger » pour souligner l’importance de la survie sur le plaisir.
« Ce n’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme. » – Renaud
Le parallélisme en chiasme souligne le contraste entre la volonté humaine et la puissance de la nature.
« Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, mais ce que tu peux faire pour ton pays. » – John F. Kennedy
Ce chiasme renverse la perspective en montrant l’importance de l’engagement citoyen.
Ces exemples montrent la richesse et la polyvalence du parallélisme en tant que figure de style. Utilisé seul ou en association avec d’autres figures comme l’anaphore, l’antithèse ou le chiasme, le parallélisme permet de structurer les idées, de créer des contrastes saisissants, et d’ajouter de la musicalité au texte. Que ce soit en littérature, en poésie, ou dans des discours, cette figure apporte un effet puissant et mémorable.